Soixante mal-logés ont
occupé à Paris aujourd'hui le siège d'EFIDIS une des deux sociétés de Grand Paris Habitat, la
nouvelle entité de la SNI. Reçus par un des directeurs de la
société, nous avons réaffirmé notre colère face au désengagement
du logement social et les sommes énormes investies dans le logement
intermédiaire.
La SNI
est aujourd'hui le premier bailleur social public français. La
répartition des logements de son parc est symbolique du décalage
entre les besoins et la production. Sur 360 000 logements possédés,
plus de 85 000 sont des logements intermédiaires.
La
proportion de ces logements, inaccessibles à l'immense majorité de
la population qui a des difficultés à se loger, ne cesse de croître
, et spécifiquement dans les zones tendues, là où la demande de
logement vraiment social est la plus forte.
François
Hollande, en cette période de restrictions budgétaires n'a pas
hésité à accorder un milliard d'euros au logement intermédiaire,
qui s'ajoute aux 900 millions consentis par la Caisse des Dépôts et
Consignations. Récupérant une bonne part du pactole, la SNI s'est
lancée dans une opération public/privé en partenariat avec de gros
investisseurs immobiliers ( banques et compagnies d'assurance ) pour
réaliser 10 000 logements en zone tendue : un investissement
unanimement déclaré comme très rentable pour ces gros
investisseurs dont les caisses sont déjà pleines.
Ces
logements intermédiaires auront effectivement des loyers un peu
moins chers que ceux du parc privé classique : mais à Paris et
en petite couronne, les loyers ont doublé depuis la fin des années
90. Et sur les dix dernières années à Paris , la hausse a atteint
30 % pour certaines surfaces. Par conséquent les loyers actuels
des logements intermédiaires, en général 20 % en dessous des
prix du marché actuel restent extrêmement élevés et sans commune
mesure avec le budget des classes moyennes et populaires.
Dans le
même temps, les promesses du début de mandature sur le logement
social sont bien loin : sur 150 000 nouveaux logements sociaux
promis par an , 113 000 seulement ont été produits en 2013. Sur ce
chiffre , seuls 60 000 sont réellement de nouveaux logements , les
autres étant le résultat d'opérations de démolition/reconstruction
qui n'agrandissent pas le parc total. Et le logement très social est
délaissé par les bailleurs sociaux au profit du PLS , aux niveaux
de loyers les plus chers des HLM .
Résultat :
parmi d'autres les bailleurs de la SNI, Efidis et Osica , réunis
sous la bannière « Grand Paris Aménagement » ont beau
promettre de nouveaux logements sociaux pour le futur, ils ont de
plus en plus de mal à répondre à la demande des mal-logés . Et
signe de la dégradation globale, ADOMA, la société de la SNI qui
gère les hébergements d'urgence et les résidences sociale a
désormais elle aussi ses files d'attente interminables, les actuels
résidents n'ayant pas de proposition de relogement.
La SNI
est l'opérateur national du service public du logement, le bras armé
de la politique de l'Etat : aujourd'hui, elle est incapable de
répondre à sa vocation, loger l'ensemble de la population, et en
priorité celles et ceux qui n'ont accès qu'au logement social.
Cette
situation dramatique n'est pas une fatalité, elle découle du
désinvestissement continu de l'Etat dans le logement social :
nous manifestons aujourd'hui pour exiger le respect des engagements
pris et du droit au logement.