mercredi 4 novembre 2015

Evacuation de la BPI: la Ministre du Logement réserve l'argent aux entreprises, et la police aux mal-logés



80 mal-logés ont été évacués par d'importantes forces de police   du siège parisien de la BPI ( Banque Publique d'Investissement ), après une occupation qui aura duré toute l'après-midi. 

Sous prétexte de "réserve électorale", le Ministère du Logement comme la Préfecture de Région refusent  de nous donner un simple rendez-vous,  et affirment que la porte sera fermée...jusqu'au mois de janvier.

De qui se moque-t-on ? Sylvia Pinel est à la fois Ministre et candidate , et n'observe aucune réserve quand il s'agit de mêler
les deux pour des évènements presse. Encore hier matin, Mme Pinel a inauguré le Mondial des entrepreneurs du Bâtiment. Pendant les élections, les mal-logés en urgence sont censés attendre, mais pas de délai pour les entreprises.

Nous sommes donc venus à la Banque Publique d'Investissement, pour mettre en lumière l'injustice consistant à dérouler tapis rouge et financements aux entreprises et à bafouer les droits de la population dans le même temps.  La BPI a été créée pour alimenter directement l'économie privée et les entreprises. 
L'existence même de la BPI et de son fond de 8 milliards d'euros montrent qu'il y a de l'argent et des moyens quand la puissance publique veut soutenir un secteur d'activité.

 


 
Dans le même temps, le logement social reste le grand oublié des budgets successifs. Les objectifs affichés ne sont jamais atteints, et l'Etat ne finance plus que 5 % du coût des nouveaux logements. Conséquence, les bailleurs sociaux optent pour des loyers plus chers, inaccessibles à la majeure partie des demandeurs de logement : Entre 2008 et 2013, la production de PLS a été multipliée par plus de 2, contre environ 1,3 pour les PLUS et PLAI. Et la majeure partie des PLAI sont en fait des résidences sociales et des places d'hébergement ( 58%) . Le logement intermédiaire, inaccessible aux classes populaires est financé au détriment du logement social.

La conséquence ? Un demi-million de franciliens attendent en vain un relogement dans le parc social. 

 

Et ce dans les pires conditions : la sur-occupation touche 80 % de ces foyers, 80 000 personnes sont hébergées de manière précaire chez des tiers . Malgré toute la communication gouvernementale, plus de 12 000 personnes sont à l'hôtel. Les expulsions avec concours de la force publique ont augmenté de presque 10 % cette année. Comme si cela ne suffisait pas les allocations logement sont rabotées (1)

Avoir des problèmes de logement, c'est survivre sans espoir et sans perspectives d'avenir : c'est avoir des soucis de santé supplémentaires, et peu ou pas de vie privée. C'est voir son accès à l'emploi et aux droits sociaux compromis. Ce sont des scolarités brisées ou entravées, c'est aussi la stigmatisation , la honte permanente qui entrave la vie sociale des adultes et des enfants. C'est la paupérisation à cause du loyer trop cher, l'impossibilité de faire des projets , la peur permanente du lendemain et de l'expulsion, l'errance urbaine qui précarise le quotidien.

Le mal-logement détruit des vies. Ces centaines de milliers de vies, qui devraient être le premier des investissements d'avenir, pour l'Etat et les collectivités.


La Banque Publique d'Investissement , comme le Pacte de Responsabilité destinés aux entreprises, les dizaines de milliards d'euros dépensés montrent une chose : quand l'Etat veut, l'Etat peut.

Nous restons déterminés à obtenir nos droits fondamentaux, les expulsions et le mépris n'y changeront rien.

Jamais fatigués, la lutte continue. 

(1°) Chiffres : Rapport sur l'état du mal-logement en Ile de France 2015, Fondation Abbé Pierre