Mal-logés, sans-logis, nous sommes 70 à être venus ensemble aujourd'hui à la Direction de la Cohésion Sociale ( 75013), dépendant du Ministère de la Ville.
Le chiffre est passé inaperçu, sans doute parce qu'aucun responsable politique d'ampleur n'a jugé utile de le commenter. Mais ce sont 570 décès dans la rue qui ont été recensés en 2014 , dont 5 enfants. Pour les hommes, la moyenne d'âge lors du décès est 49 ans, soit trente ans de moins que l'espérance de vie moyenne en France.
Les morts de la rue sont pourtant le drame le plus définitif lié au mal-logement, mais cela ne suffit pas à entraîner une réponse politique d'urgence. Comme si certaines vies étaient condamnées d'avance.
Comme chaque année depuis 2012, les 150 000 logements sociaux promis n'ont pas été livrés. Il y en a eu à peu près 93 000 , en incluant les places d'hébergement , et les catégories de logement aux loyers les plus chers des HLM. Les PLS représentent le tiers de la production à Paris, par exemple, et sont inaccessibles à 80 % des demandeurs.
« Mixité sociale », « Politique de la Ville », « Cohésion sociale », « unité nationale », des mots répétés par notre gouvernement, par nos élus, par tous les acteurs institutionnels. Mais le mal-logement au sens très strict touche presque 3 millions de personnes en France, et c'est sans compter celui qui n'est pas recensé ou pas inclus dans les statistiques.
Trois millions de personnes exclues de tout, car le mal-logement impacte toute la vie : la vie privée, la vie professionnelle, la vie scolaire, la vie sociale. Le mal-logement tue, crée des problèmes de santé, physique et mentale. Un mal-logé , adulte ou enfant se définit encore et toujours d'abord par ce problème qui ne cesse d'en créer d'autres, envahit tout le quotidien, et bloque toute perspective d'avenir.
Les conditions de logement en France se sont améliorées globalement en permanence depuis le 19ème siècle.Les conditions de logement en France se sont améliorées globalement en permanence depuis le 19ème siècle . Depuis la fin des années 70 , cette amélioration globale est stoppée ( source : données recensées par le Centre d'Observation de la Société). Le nombre d'expulsions ne cesse d'augmenter, celui des Sans Domicile Fixe aussi. La part du budget logement atteint une moyenne de 25 % du budget total des foyers.
Massif le mal-logement est de plus en plus souvent invisible. La sur-occupation des appartements, leur insalubrité peut se dissimuler derrière de belles façades d'immeuble, le loyer qui accapare tout le budget et empêche l'accès au nécessaire n'est pas écrit sur le front du locataire accablé. Les hôtels où l'on est coincé pendant des années peuvent être de banals Formule 1 que l'on croit occupés par des VRP et des touristes.
L'urgence sociale doit aussi être traitée. Plus que jamais la lutte collective et solidaire des mal-logés est nécessaire et vitale.