Les demandeurs de logement en lutte ont manifesté ce 22 décembre jusqu'à être reçus par Manuel Flam, le directeur général de la SNI.
La Société Nationale
Immobilière reste le premier bailleur public d'Etat. Son bilan en
matière de relogement des demandeurs en attente d'un logement social
est pourtant désespérant : le dernier rapport du Haut Comité
pour le Logement des Personnes Défavorisées ( HCLPD) révèle des
chiffres accablants. Même pour les mal-logés qui ont réussi à
obtenir le DALO, le parc d'OSICA et D'EFIDIS, les deux filiales du
groupe dédiées aux HLM, reste inaccessible. Les bailleurs leur
réservent seulement 6,6 % de leur parc.
Le label DALO est
pourtant l'aboutissement d'un parcours du combattant : des
critères de plus en plus restrictifs sont imposés par des
commissions de médiation. Le DALO n'est plus accordé qu'à 29 %
des mal-logés qui déposent un dossier.
DALO ou pas DALO ,
le vrai sujet reste le même : le développement d'une offre de
vrais logements sociaux, à des loyers accessibles et correspondant
aux besoins des demandeurs a été délaissé, au profit de l'offre
de « logements intermédiaires », dont les loyers sont
inférieurs d'à peine 10 à 15 % à ceux du marché privé.
Le résultat ?
Quelle que soit l'urgence du mal-logement, certaines catégories
socio-professionnelles se voient toujours opposer la même réponse,
insuffisance de revenus. Cela concerne les salariéEs modestes, les
précaires, les travailleuses à temps partiel, les chômeurs, les
retraités.
Alors que le mot « mixité
sociale » est dans la bouche de tous les acteurs publics du
logement et de l'urbanisme dans leurs interventions publiques, dans
la pratique, c'est exactement le contraire : les bailleurs
sociaux nous disent en face qu'il ne faut pas espérer un relogement
dans la capitale, mais pas non plus en petite couronne et même pas
en moyenne, si l'on n'a que le SMIC, ou un peu plus ou un peu moins.
Les rares propositions de relogement faites sont le plus souvent dans
des zones très mal desservies par les transports communs, dans la
partie la plus ancienne du parc social, et sans tenir compte aucun
des attaches professionnelles et sociales des demandeurs.
Pourtant, les bailleurs
publics ne sont pas en faillite : la Société Nationale
Immobilière est très fière d'afficher la réussite de ses levées
de fonds de plusieurs milliards pour des programmes de dizaines de
milliers de logements intermédiaires, semi-privés qui vont lui
rapporter beaucoup d'argent, à elle et aux investisseurs immobiliers
qui participent à l'opération.
André Yche , le
président de la SNI, présenté comme le « stratège du
logement social » par le journal La Tribune promet depuis des
années que sa conception « entrepreneuriale » de
l'action en matière de logement portera ses fruits pour tout le
monde : la diversification de l'offre des bailleurs publics, la
construction de logements intermédiaires « rentables »
devait permettre de dégager les fonds nécessaires à une politique
sociale ambitieuse.
On attend toujours. Et
pour les demandeurs de logement aux revenus modeste, l'attente ne se
fait pas dans un fauteuil d'entrepreneur, mais dans des conditions
insupportables : tous les indicateurs du mal-logement sont au
rouge. + 50 % de sans domicile et + 19 % de
personnes hébergées chez des tiers, entre 2001 et 2012, + 17 %
de logements sur occupés et + 42 % de ménages dont le
taux d’effort financier pour se loger
est insupportable, entre 2006 et 2013 , selon le rapport
du HPCLD.
Nous ne pouvons plus
attendre. Le premier bailleur public d'Etat doit respecter le droit
au logement.