mercredi 6 janvier 2016

Etat d'urgences sociales : les mal-logés au Pavillon Circulaire




Place de l'Hôtel de Ville,  le Pavillon Circulaire, installé pour la COP 21 est notamment construit avec des portes d'anciens logements sociaux. Un symbole fort pour les demandeurs de logement parisiens aux revenus modestes, le plus souvent exclus des nouvelles constructions, aux loyers de plus en plus élevés. C'est donc là qu'une soixantaine de demandeurs de logement se sont réfugiés aujourd'hui, jusqu'à obtenir des interlocuteurs de la Mairie Centrale.

Le logement social doit rester social , l'offre de HLM doit correspondre à la demande, la précarité, les bas salaires, les petites retraites, le chômage ne doivent plus s'accompagner de la double peine du mal-logement.


La ville à deux vitesses, le développement de l'injustice sociale, Anne Hidalgo et Ian Brossat prétendent les combattre par une politique de « production massive » et de « transparence des attributions » en matière de logement social.

Le nombre de demandeurs en constante augmentation, comme l'aggravation du mal-logement seraient donc dûs à tout sauf, à la politique parisienne du logement social, exemplaire.

Deux chiffres fournis par l'APUR, émanation de l'Hôtel de Ville viennent pourtant prouver le contraire, et de manière exemplaire puisqu'ils concernent le fameux système de cotation censé garantir l'égalité de tous les demandeurs devant le relogement.

En 2014, la cotation moyenne des foyers relogés dans un PLS ( les plus chers des HLM, inaccessibles à 80 % des demandeurs ) était de 13 points. Celle des foyers relogés en PLA-I, les seuls logements sociaux accessibles à 70 % des demandeurs était de 22, 5 points. (1).

Le sens de cette énorme différence est clair : à situation sociale égale,même selon les critères déjà arbitraires de la mairie,  les mal-logés aux revenus modestes ont beaucoup moins de chances d'obtenir un logement. Pourquoi ? Parce que le parc social parisien est globalement beaucoup trop cher pour eux, au point d'être même inaccessible .
Ian Brossat, d'ailleurs exposait lui même récemment cette réalité injuste dans un entretien à Explor'Immo , à propos de la commission d'attribution de la Ville de Paris, qui dispose d'un contingent bien supérieur à celui de l'Etat : « Nous y délivrons énormément de logements en loyer libre et PLS , des grandes surfaces et très peu de logements très sociaux ou de type PLUS », reconnaissait-il.
 
Contrairement à notre adjoint au Logement, nous ne comptons pas nous résigner à voir produits en masse des logements qui sont inaccessibles à la majorité des demandeurs de logement, alors que l'offre de PLS est déjà largement suffisante pour répondre à la demande réelle.

Nous ne comptons pas nous résigner à voir nos demandes rester sans réponses année après année, malgré nos difficultés quotidiennes, juste parce que nos ressources sont celles de millions de gens : avoir un petit salaire, une petite retraite , être au chômage ou parent isolé ne peut pas être un obstacle au relogement, alors que le logement social est par définition l'outil fait pour loger ceux qui ne peuvent accéder au privé à cause de leurs bas revenus.

Ian Brossat, comme d'autres avant lui, prétend que les mal-logés qui se mettent en lutte veulent des « passe-droits » : l'inégalité devant le relogement, entretenue par une politique qui favorise la production de logements sociaux bien trop chers, montre au contraire la légitimité de notre lutte, face à une injustice qui nous met au dessous du droit commun.

(1) rapport APUR 2014 sur l'attribution des logements sociaux à Paris