Une centaine de mal-logés solidaires ont manifesté aujourd'hui devant la Direction de l'Aide Sociale parisienne ( DASES) jusqu'à rencontrer la direction et exiger la prise en charge immédiates de plusieurs familles dans des situations dramatiques.
Les Parisiens modestes
vivent en plein non-droit : en plein hiver, par exemple, le
centre d'action sociale n'avait trouvé hier à 20h aucune solution d'hébergement
pour une famille avec enfants scolarisés dans l'arrondissement qui
s'est retrouvée à la rue suite à une expulsion avec violences.
Aucune solution non plus pour des personnes âgées et handicapées
vivant en chambre de bonne , et qui restent à l'hôpital , ne
pouvant remonter chez elles.
La Ville de Paris
comme l'Etat prétendent avoir mis en place des systèmes de
« cotation », de « tri des priorités » ,
des systèmes de « prévention des situations de rue et
des expulsions » ou de « repérage du logement indécent »
En réalité, les
procédures de reconnaissance du mal-logement sont de plus en plus
complexes, et les services publics sont aux abonnés absents :
débordés de dossiers, les travailleurs sociaux parisiens ne peuvent
pas recevoir les mal-logés en amont , et en cas de mise à la rue
notamment, ne peuvent que renvoyer vers le SAMU social....qui est aux
abonnés absents. L'aide à l'instruction des dossiers DALO est
inexistante dans les services municipaux contrairement à d'autres
départements
La production très
faible de logements vraiment sociaux ne permet pas de reloger en
nombre les demandeurs : dans ces conditions, l'hébergement
d'urgence est saturé. Actuellement, on en est au point où des
personnes hébergées « temporairement » dans des
résidences sociales financées par la Ville reçoivent une
notification de fin de bail suite à dépassement de la durée
maximale d'accueil de trois ans....mais toujours aucune proposition
de logement. Des familles parisiennes à qui l'on a fait signer un
« Solibail » pour des logements en banlieue, aux loyers
souvent plus chers qu'un HLM à Paris, en leur promettant un
relogement définitif sous un an se retrouvent en grande précarité
financière des années plus tard, sans proposition.
Dans le même temps, les
entreprises sont choyées par des bailleurs sociaux incapables de
remplir leur mission première de relogement des Parisiens modestes :à titre d'exemple,
le Cargo, ouvert en fin d'année dernière , le « navire amiral » des
incubateurs de la RIVP occupe 6 étages dans un immense immeuble du 19ème arrondissement, et le bailleur social se vante de proposer 22 000 m2 de locaux
à loyers modérés aux start up , bientôt le double. Tous
bailleurs sociaux de la Ville confondus, ce sont désormais quarante
immeubles de pépinières qui sont proposées aux entreprises. La
plupart ont une architecture innovante et un équipement dernier cri,
et les entrepreneurs y bénéficient de financements et d'avantages
en nature. Bref, le tout coûte évidemment très cher.
La vie des Parisiens en
urgence sociale, elle, ne semble décidément pas valoir grand
chose : leur situation ne fait que s'aggraver au fil des années,
la mise à la rue d'enfants notamment s'est totalement banalisée.
Nous refusons l'inégalité
affolante qui s'est développée et la Ville à double vitesse
qui se construit sous nos yeux : s'il y a de l'argent pour la
politique économique, il y en a forcément pour les urgences
sociales.