Paris Habitat OPH: les dérives ça suffit.
Les mal-logés parisiens du Collectif Mal Logés en Colère et du DAL se sont retrouvés cet après-midi devant le siège du premier bailleur social de la Ville, pour défendre leur patrimoine, et exiger une politique du logement qui réponde aux besoins des Parisiens.
Nous
refusons que le logement social, comme les salariés ordinaires du
bailleur payent pour les erreurs de la direction révélées par la presse.
Le logement social
n'avait pas besoin de ça : niveaux de rémunération des
dirigeants extraordinairement élevés , attribution d'un logement
social au loyer sans rapport avec les ressources d'un des directeurs
généraux, mais aussi parachute doré, voilà de quoi déclencher
une nouvelle fois les attaques. Ça n'a pas d'ailleurs pas tardé,
puisque Le Figaro, par exemple, profite de l'occasion pour s'en
prendre aux gardiens des immeubles et à leur salaire , pourtant
justifié au regard de l'ampleur des tâches à accomplir, tandis que
Challenges attaque l'ensemble des salariés du bailleur, avec une
indécence rare.
Plus globalement, ce
rapport de la MILOS donne l'impression désastreuse d'un gaspillage
de l'argent public du logement, d'autant qu'il a été précédé
par celle du coût exorbitant du nouveau siège du bailleur social.
Il suscite aussi de
nombreuses interrogations sur la volonté de « transparence »
affichée par Paris Habitat OPH et par la Ville. En effet, le rapport
de la MILOS date de 2013, soit avant les dernières élections
municipales : ni l'ancienne équipe, ni la nouvelle n'ont donc
jugé utile de mettre immédiatement un terme à ces dérives, ni
même de les évoquer publiquement.
De deux choses l'une :
ou les salaires et avantages des dirigeants sont justifiés et il
fallait défendre cela publiquement. Ou ils ne le sont pas , et il
fallait agir. De la même manière que des directeurs généraux
aient un logement de fonction n'a rien de choquant en soi : mais
que le loyer soit de 1000 euros, soit moins que celui des
propositions qui sont souvent faites à des salariés modestes a de
quoi interpeller.
Mais ceci n'étonnera
qu'à moitié les demandeurs de logement comme les locataires de
Paris Habitat OPH : le tout traduit la mutation des bailleurs
sociaux, et une progressive privatisation du logement social.
Paris Habitat OPH possède
toujours des milliers de logements non conventionnés , et lorsqu'ils
le sont, c'est en PLS, la catégorie la plus chère, déjà en
surnombre. Le bailleur développe désormais, au travers de sa
filiale AXIMO, dont l'endettement est mis en cause par la MILOS, des
produits semi-privés comme l'Usufruit Locatif Social, qui ne correspondent en rien aux besoins des Parisiens modestes. Paris
Habitat était le principal producteur de logements très sociaux à
Paris ( PLA-I), en 2014, le nombre de nouveaux logements de ce type
est passé derrière celui de la RIVP ( source APUR ).
Après des années de
production de PLS en surnombre, le nouveau parc a des niveaux de
loyers bien plus élevés que l'ancien. Petit à petit, le logement
social devient moins social, ce qui explique l'augmentation continue
des demandeurs de catégorie modeste, pour lesquels de moins en moinsde logements sont disponibles.
Les hautes rémunérations
des dirigeants comme le siège luxueux sont donc un symptôme :
celui d'un bailleur social qui comme tant d'autres, rêve de se
« diversifier », comprendre abandonner au moins en partie
sa vocation impérative de relogement des catégories modestes de la
population.
C'est cette dérive qu'il
faut stopper : il y a bien assez de la RIVP qui multiplie les
programmes de bureaux sous couvert de pépinières d'entreprises, et
propose des logements souvent inaccessibles au commun des demandeurs
. Paris Habitat OPH doit redevenir un bailleur qui réponde aux
besoins des Parisiens , notamment en logement très social, un
bailleur qui cesse de laisser une partie de son parc ancien mal
entretenu pour faire des opérations de com avec quelques logements
de prestige.
Que son directeur général soit payé autant qu'un
Ministre , passe encore, mais que ce soit pour faire son travail, du
logement social et c'est tout