Parisien et demandeur de logement, c'est un sport de combat et d'endurance: alors que la capitale se porte candidate pour des Jeux Olympiques qui exigeront des milliards d'investissements, une partie de la population parisienne vit dans l'enfer du mal-logement, sans plan d'urgence, sans solution pour obtenir le respect de ses droits.
70 mal-logés ont donc manifesté bruyamment, bloqués par les CRS à quelques pas de la Philarmonie de Paris, où Anne Hidalgo présentait le projet de candidature de Paris, cette seule candidature côutant quelques 100 millions d'euros. Aux environs de 16H, des renforts de police importants sont venus nous évacuer jusqu'au métro, alors que commençait la cérémonie: le mal-logement qui touche des centaines de milliers de Parisiens ne doit pas figurer sur les cartes postales officielles.
Mais il n'y a qu'une solution pour éviter d'avoir des mal-logés en lutte sur les photos: un logement pour tous !
Paris a
apparemment les moyens de sa candidature si notre
Ville est retenue, le coût estimé des Jeux Olympiques se situerait
en 4,5 et 6 milliards d'euros minimum.
Six
milliards d'euros, c'est le double de l'investissement annoncé sur
la politique du logement jusqu'en 2020.
Pourquoi
comparer ? Pour des centaines de milliers de Parisiens, le
logement n'est pas une option, c'est une nécessité absolue. Près
de 150 000 candidatures attendent dans les fichiers de demande de
logement social, et chaque rejet est un drame humain intolérable.
En
matière de droit au logement, personne ne respecte les règles, ni
l'Etat, ni la Ville : chaque année, des gens meurent dans la
rue, alors que leur droit est inscrit dans la Constitution.
A deux
pas de la Philarmonie et de la ville-prestige, le mal-logement fait
rage.
On peut
programmer et financer du rêve, mais seulement quand on fait déjà
le strict nécessaire. Quand tout le monde a un logement décent, on
peut construire des piscines géantes et un village pour athlètes de
17 000 places aux portes de Paris.
Mais
aujourd'hui, une partie des Parisiens s'entasse à trois générations
dans des appartements minuscules, une partie des Parisiens est
hébergée dans des hôtels à 40km de Paris , une partie des
Parisiens est menacée d'expulsions à cause des congés pour vente.
Une partie des Parisiens ne mange pas à sa faim et ne se chauffe pas
pour pouvoir payer un loyer privé hors de prix. Nous
refusons l'inégalité affolante qui s'est développée et la
Ville à double vitesse qui se construit sous nos yeux : s'il y
a de l'argent pour des opérations de prestige ou pour les Jeux
Olympiques, il y en a forcément pour les urgences sociales.
Les Jeux
Olympiques à Paris font rêver . Mais si la politique du logement
social ne change pas, si les élus parisiens continuent à faire
beaucoup trop de logement intermédiaire et pas assez de logement
très social, les JO peuvent aussi devenir un cauchemar : celui
d'une augmentation des prix de l'immobilier à cause des opérations
urbaines qui auront lieu, comme cela a été le cas dans bien
d'autres villes du monde. Actuellement, après
des années de production de PLS en surnombre, le nouveau parc a des
niveaux de loyers bien plus élevés que l'ancien. Petit à petit, le
logement social devient moins social,
Alors se
loger en 2024 sera devenu encore bien plus difficile qu'aujourd'hui.
Si
Paris peut faire les JO, alors Paris peut loger tous les Parisiens.
LA
VILLE MONDE POUR TOUT LE MONDE