mercredi 16 mars 2016

Action Logement, c'est pour quand ?



 Les promesses n'engagent que ceux qui les font respecter: salariés et précaires mal-logés ont manifesté aujourd'hui devant le siège d'Action Logement jusqu'à être reçus par le secrétaire général de l'organisme central de collecte des fonds de l'ex 1 % logement. L'argent des salariés doit servir à reloger !

La semaine dernière, Action Logement annonçait la signature d'une convention avec le Ministère du Logement. Son objet ?Réserver un quart du contingent des logements de l'ensemble des collecteurs aux salariés prioritaires DALO.

Ce serait une bonne nouvelle, si l'engagement était nouveau. Mais en réalité, il s'agit d'une pure opération de communication, particulièrement choquante.

En effet c'est la loi du 25 mars 2009 qui impose à Action Logement la réservation d'un quart de ses attributions à la partie des demandeurs de logement prioritaires DALO. Action Logement ne l'a jamais vraiment respectée, ce qui a donné lieu à de nombreuses circulaires gouvernementales . La dernière en date avant la « convention » signée entre Emmanuelle Cosse et Action Logement datait...du 6 février 2015, et était censée résoudre le problème en fixant des objectifs locaux de relogement afin de pouvoir les contrôler.

Nouvelle Ministre du Logement, nouvel engagement d'Action Logement, nouveau plan de communication bien réussi, puisqu'il donne l'impression d'un effort patronal en faveur du relogement, alors que la loi est en fait bafouée depuis des années.

DALO ou pas, les salariés mal-logés sont évidemment les dindons de cette triste farce.
La politique d'Action Logement, actuellement fait tout sauf résoudre leur problème : dans les zones tendues, les PLS ( les plus chers des logements sociaux), le logement intermédiaire et les aides indirectes aux propriétaires privés sont privilégiées, par rapport à la construction de vrais logements sociaux.

Les collecteurs du 1 % n'ont pas seulement omis de remplir leur obligation légale de relogement, ils en ont aussi une interprétation assez particulière : beaucoup de logements proposés à des salariés mal-logés modestes par le biais d'Action Logement sont parmi les plus vétustes, les plus mal desservis en transports et sont situés dans des quartiers sinistrés par l'absence de services publics.
Action Logement n'hésite pas à proposer à des salariés du nettoyage ou de la sécurité, en horaires décalés, des appartements inaccessibles la nuit ou le matin très tôt en transports en commun, par exemple. Mais sur le papier, ces propositions inacceptables concrètement entrent dans le quota imposé par la loi.

La « participation des employeurs à l'effort de construction » ne se traduit donc toujours pas par la participation des employeurs à l'effort de relogement des salariés mal-logés.

Il est donc d'autant plus choquant de voir présentée comme un effort supplémentaire, un vague engagement de respecter une loi bafouée depuis sept ans. Surtout quand l'opération de communication intervient un mois après la restriction drastique des conditions d'accès au cautionnement du loyer prévu par l'ex Garantie Universelle des Loyers : celle-ci a été remplacé en janvier 2016 par VISALE, un dispositif beaucoup plus restreint, qui coûtera trois fois moins cher à l'Etat et à Action Logement.

Nous manifestons donc devant le siège d'Action Logement, afin de voir enfin la couleur de ces attributions qu'on nous promet depuis des années.