Plus d'une soixantaine de demandeurs de logement ont investi le Conseil Régional d'Ile de France et manifesté jusqu'à être reçus directement par Geoffroy Didier , vice président du Conseil Régional chargé du Logement et secrétaire national des Républicains chargé du Logement.
Nous lui avons fait part de notre colère devant les propos de la nouvelle majorité francilienne, assimilant les quartiers à fort taux de logement social à des "ghettos", et les habitants ou demandeurs de logement très social à un problème en soi. Nous lui avons rappelé que les PLAI n'indiquent qu'un niveau de loyer, et que les quartiers dégradés ne le sont pas du fait de leurs habitants, mais des problèmes de bâti, d'entretien des logements, d'accès aux transports et aux services publics.
Geoffroy Didier nous a déclaré assumer les termes employés, mais a affirmé que le Conseil Régional financerait autant de logements très sociaux qu'avant et que la preuve en serait donnée dans le prochain budget.
Chacun jugera sur pièces, mais de toute façon, la sous-production de logement très social est déjà flagrante et le manque de PLA-I une cause majeure de la crise actuelle du logement. De plus les logements budgetés ne sont pas forcément les logements construits, notamment à cause des élus qui font blocage dans leur commune. Des dizaines de milliers d'appartements ont ainsi été déprogrammés partout en France , en invoquant le prétexte de la "mixité sociale" depuis les dernières municipales.
Mr Didier nous a également affirmé qu'il était " l'avocat déclaré du logement social". Malheureusement les avocats du logement social sont très nombreux chez les responsables politiques, et force est de constater qu'il est pourtant si mal défendu par les majorités successives,au Conseil Régional et ailleurs que le droit au logement n'a jamais été aussi peu respecté.
Mal-logés en lutte, nous pensons donc que l'on n'est jamais aussi bien défendu que par soi même, et sommes déterminés, à exiger nos droits ET le respect , partout où c'est nécessaire.
Le communiqué diffusé sur place
Le PLAI n'est pas une marque d'infamie.
Plus d'un tiers des Franciliens a des revenus en dessous des plafonds du logement très social, celui de la catégorie PLA-I ( source : Ministère du Logement ).
C'est ce tiers de la population d'Ile de France qui est aujourd'hui attaqué par la nouvelle Présidente du Conseil Régional.
L'association entre « ghettos » et PLA-I faite par Valérie Pécresse la présidente du Conseil Régional IDF est absurde.La population qui a droit potentiellement à être relogée avec ces niveaux de loyers est diverse : elle regroupe des salariés de tous secteurs d'activité, des chômeurs, des personnes en formation et des étudiants, des jeunes ménages et des retraités modestes. Le PLAI, concrètement, désigne un niveau de loyers et une solution au mal-logement d'une partie importante de la population, qui n'a pas d'alternative acceptable.
Quand Valérie Pécresse décide de ne plus contribuer au financement de ces logements dans certaines zones, au prétexte que ce sont déjà des quartiers populaires, son discours masque une réalité essentielle : celles et ceux qui pourraient accéder à ces logements y habitent de toute façon déjà. Mais dans des conditions inacceptables : à la merci des marchands de sommeil, à trois générations entassées sous le même toit, ou en se privant de tout pour payer un loyer privé exorbitant.
La stigmatisation au nom de la mixité sociale est donc un mensonge : il n'y aura pas moins de personnes aux revenus modestes dans les quartiers où l'on ne construira pas de PLA-I, il y aura juste plus de mal-logés.
Prétendre que le financement de nouveaux PLS, les plus chers des logements sociaux vont attirer les classes moyennes supérieures en nombre ne correspond pas non plus à la réalité. On produit du PLS en surnombre : actuellement, une partie des logements en PLS sont attribués à des foyers en dessous des plafonds de ressources, notamment parce qu'il n'y a pas d'autres candidats. Ensuite,au delà d'un certain niveau de revenus, la préférence va à l'accession à la propriété, plutôt qu'au paiement d'un loyer assez élevé.
De plus, ce n'est certainement pas en stigmatisant les catégories modestes de la population qui vivent déjà dans des quartiers populaires, qu'on va donner envie à des foyers plus aisés de tester la mixité sociale : on se demande bien comment Valérie Pécresse compte attirer de nouveaux habitants en présentant les quartiers d'habitat social comme des ghettos.
Les PLAI sont déjà le parent pauvre du logement social en Ile de France: de fait, alors que ces niveaux de loyers sont les seuls accessibles à plus de 70 % des demandeurs de logement en Ile de France , ils restent très minoritaires dans la production de logements : même cette année, où les chiffres sont plus élevés que les précédentes, il n'y a eu que 26 % de PLAI pour 37 % de PLS. Soit 7000 logements ET hébergements. Une goutte d'eau dans la mer du mal-logement ( source AORIF).
Valérie Pécresse n'est donc pas aussi originale que ça en s'attaquant à ce type de logements : de fait, élus et bailleurs sociaux n'en font pas une priorité.
Mais le problème va bien au delà de la suppression des financements du Conseil Régional : en présentant le logement social comme un problème, et pas comme une solution impérative au mal-logement, c'est l'existence même du droit au logement d'une partie de la population qui est mis en cause.
Nous ne sommes pas le problème, nous avons droit à la solution.