mercredi 13 avril 2016

Campagne Action Logement: manifestation devant les 3F.


Onze mille cinq cent relogements, vraiment ? C'est ce qu'ont promis les acteurs de l'ex 1% patronal, dans le cadre d'une convention signée avec la Préfecture de Région. Mais les promesses n'engagent que celles et ceux qui les font respecter. Après un premier rassemblement le mois dernier devant le siège d'Action Logement, nous avons aujourd'hui manifesté devant celui des 3F, l'un de leurs principaux bailleurs sociaux.
 
Depuis 2009, Action Logement est censé consacrer chaque année 25 % de son contingent de logements sociaux aux ménages en difficulté et aux prioritaires DALO. Depuis 2009 , Action Logement ne respecte pas cette obligation légale. Pourtant les organismes de collecte de l'argent de la participation patronale à l'effort de logement ont les moyens de le faire, notamment parce qu'ils contrôlent de très gros bailleurs sociaux comme les 3F.

Le mois dernier , les dirigeants d'Action Logement ont annoncé, comme si c'était tout à fait extraordinaire, qu'ils allaient désormais respecter la loi. En Ile de France, tout particulièrement, un accord a été conclu avec la Préfecture de Région, prévoyant 11 500 relogements sur trois ans.

Mais pour le moment, ce n'est pas une bonne nouvelle, c'est juste une belle parole. Car , déjà sous la mandature précédente, l'engagement des 25 % avait été pris publiquement par Action Logement. Avancer des chiffres de relogements est chose facile, tenir l'engagement , et le tenir correctement, c'est une autre histoire.


En effet, si ces relogements sont finalement possibles, pourquoi n'ont-ils pas eu lieu avant, alors que la loi l'imposait ? Où sont ces 4000 logements censés être disponibles dès cette année ? Qu'est ce qui garantit le respect de l'engagement cette année, et surtout par la suite, alors que des changements politiques s'annoncent , qui impacteront forcément les décisions en matière de logement social et d'accords antérieurs ?

La seule garantie, c'est celle de la vigilance et de la lutte des demandeurs de logement, pour exiger le respect immédiat de la loi, et empêcher son dévoiement : en effet, le parc d'Action Logement recèle de très nombreux appartements situés dans des zones excentrées dépourvues d'accès correct aux transports en commun, souvent dans des résidences en très mauvais état. Il ne s'agit pas seulement de reloger, il s'agit de reloger sans créer de nouvelles problématiques sociales pour les concernés et s'en prendre ensuite aux demandeurs qui refuseraient des logements au rabais, très loin de leur lieu de travail ou dégradés. Il ne s'agit pas d'une angoisse infondée : le dernier rapport du Secours Catholique sur les inégalités en Ilede France insiste sur le fait que les plus pauvres sont systématiquement relogés dans les zones les plus défavorisées en transports et en services publics.

Cette situation est notamment liée aux loyers très élevés d'une partie du nouveau parc social, composé de PLS, les plus chers des HLM , situés pour beaucoup en zone tendue et notamment dans la capitale : ils sont inaccessibles à 75 % des demandeurs de logement. C'est notamment ce qui explique l'ancienneté des demandes de logement des plus modestes , sans qu'ils aient jamais de proposition, avec ou sans DALO.

Entre ces milliers de relogements et un dispositif de garantie des impayés de loyer pour tous les moins de trente ans, c'est le printemps des promesses pour Action Logement et le gouvernement. Mais les millions de mal-logés ont déjà connu bien des hivers de désillusion.

Après avoir manifesté devant Action Logement, nous sommes donc aujourd'hui au siège des 3F pour que les paroles deviennent des actes.