mercredi 4 mai 2016

Cotation de la demande de logement social : injustices et incohérences en cascade à Paris.



Le Collectif des mal-logés en colère a fait entendre sa voix au Forum de l'Habitat organisé ce 4 mai par la mairie du 18ème arrondissement: nous étions là pour dénoncer le grand bazar injuste du système de cotation pour l'attribution des logements. 

 En mettant en place son système de cotation des demandes de logement, les élus de la Ville de Paris, nous avaient promis la transparence et la logique, à défaut du respect du droit au logement. Presque deux ans après la mise en place du système , celui-ci se révèle une véritable machine à exclure certaines catégories de mal-logés.

Le mal-logement n'est pas toujours visible : une bonne partie des demandeurs de logement parisiens sont ainsi administrativement regroupés dans la catégories « hébergés ». Dans le système de cotation actuel, ce n'est presque pas pris en compte, quelle que soit la situation : ainsi une femme seule hébergée de manière précaire chez des tiers, une famille entière hébergée chez les parents d'un membre du couple sont-ils considérés comme très peu mal-logés. C'est le droit à un logement autonome qui est ainsi bafoué, et ce sont aussi des situations sociales à haut risque qui sont délibérément ignorées : les hébergements chez des tiers ou même chez de la famille ne sont quasiment jamais définitifs, et les situations se terminant par une mise à la rue brutale sont fréquentes.


Autre injuste absurdité : tous les élus de la Ville dénoncent le coût des nuitées d'hôtel et prônent des parcours d'hébergement « fluides » jusqu'au relogement définitif . Mais ces situations sont sous-côtées par la Ville. De fait, les concernéEs sont donc écartés du contingent de logements de la Ville, le plus important.
Quant à l'indécence où aux situations d'insalubrité, elles ne sont même pas prises en compte : pour le logiciel de cotation, une personne habitant seule une chambre de bonne dégradée est totalement invisible.

Tout aussi injuste : au sein du logement social , demander à muter pour un logement plus grand est considéré comme beaucoup moins urgent que demander un logement plus petit . De la même manière, un « futur mariage » est ainsi plus valorisé que l'hébergement précaire de gens déjà mariés à l'hôtel ou chez des tiers.

Où sont la logique et la transparence dans tout ça ? Nulle part .
En réalité, depuis la mise en place de la cotation, si le nombre de relogements n'augmente pas, les démarches ne cessent de se complexifier pour les demandeurs. Il faut toujours plus de justificatifs , qui prennent toujours plus de temps à être pris en compte.

Le système de cotation qui s'ajoute au manque de logements vraiment sociaux au sein du contingent de la Ville aboutit à reléguer les situations graves de mal-logement sur le seul contingent de l'Etat, très réduit, et cette relégation est quasi-certaine pour les chômeurs et allocataires des minima sociaux. Deux ans après, ni la transparence , ni la justice ne sont donc au rendez-vous sur le terrain. Le critère unique de la cotation contribue à justifier l'immobilisme sur des situations gravissimes.

Puisque la mairie organise des « Forums de l'Habitat », imposons que les problèmes du mal-logement y soient traités.