Le Collectif des mal-logés en colère a fait entendre sa voix au Forum de l'Habitat organisé ce 4 mai par la mairie du 18ème arrondissement: nous étions là pour dénoncer le grand bazar injuste du système de cotation pour l'attribution des logements.
En
mettant en place son système de cotation des demandes de logement,
les élus de la Ville de Paris, nous avaient promis la transparence
et la logique, à défaut du respect du droit au logement. Presque
deux ans après la mise en place du système , celui-ci se
révèle une véritable machine à exclure certaines catégories de
mal-logés.
Le
mal-logement n'est pas toujours visible : une bonne partie des
demandeurs de logement parisiens sont ainsi administrativement
regroupés dans la catégories « hébergés ». Dans le
système de cotation actuel, ce n'est presque pas pris en compte,
quelle que soit la situation : ainsi une femme seule hébergée
de manière précaire chez des tiers, une famille entière hébergée
chez les parents d'un membre du couple sont-ils considérés comme
très peu mal-logés. C'est le droit à un logement autonome qui est
ainsi bafoué, et ce sont aussi des situations sociales à haut
risque qui sont délibérément ignorées : les hébergements
chez des tiers ou même chez de la famille ne sont quasiment jamais
définitifs, et les situations se terminant par une mise à la rue
brutale sont fréquentes.
Autre
injuste absurdité : tous les élus de la Ville dénoncent le
coût des nuitées d'hôtel et prônent des parcours d'hébergement
« fluides » jusqu'au relogement définitif . Mais
ces situations sont sous-côtées par la Ville. De fait, les
concernéEs sont donc écartés du contingent de logements de la
Ville, le plus important.
Quant à
l'indécence où aux situations d'insalubrité, elles ne sont même
pas prises en compte : pour le logiciel de cotation, une
personne habitant seule une chambre de bonne dégradée est
totalement invisible.
Tout
aussi injuste : au sein du logement social , demander à muter
pour un logement plus grand est considéré comme beaucoup moins
urgent que demander un logement plus petit . De la même manière,
un « futur mariage » est ainsi plus valorisé que
l'hébergement précaire de gens déjà mariés à l'hôtel ou chez
des tiers.
Où sont
la logique et la transparence dans tout ça ? Nulle part .
En
réalité, depuis la mise en place de la cotation, si le nombre de
relogements n'augmente pas, les démarches ne cessent de se
complexifier pour les demandeurs. Il faut toujours plus de
justificatifs , qui prennent toujours plus de temps à être pris en
compte.
Le
système de cotation qui s'ajoute au manque de logements vraiment
sociaux au sein du contingent de la Ville aboutit à reléguer les
situations graves de mal-logement sur le seul contingent de l'Etat,
très réduit, et cette relégation est quasi-certaine pour les
chômeurs et allocataires des minima sociaux. Deux ans après, ni la
transparence , ni la justice ne sont donc au rendez-vous sur le
terrain. Le critère unique de la cotation contribue à justifier
l'immobilisme sur des situations gravissimes.
Puisque
la mairie organise des « Forums de l'Habitat », imposons
que les problèmes du mal-logement y soient traités.