L'éviction du directeur général de Paris Habitat OPH a finalement été décidée par Anne Hidalgo et Ian Brossat. Il aura fallu une accumulation d'articles de presse, dont la plupart ne révélaient pourtant rien, qui ne soit forcément connu, ou connaissable par les élus contrôlant, de fait, le premier bailleur social de la Ville.
Pour les locataires et les demandeurs de logement, le départ de Stéphane Dambrine n'efface rien, et personnaliser l'analyse des dérives de Paris Habitat n'est pas une solution suffisante pour y remédier et n'offre aucune garantie pour l'avenir.
Les scandales auxquels la presse s'est brusquement intéressée ne sont certes pas le fait d'un seul homme ou d'une seule équipe mais procèdent bien de choix stratégiques sur la politique du logement. Chacun d'entre eux reflète aussi l'abandon progressif du rôle premier d'un bailleur social, le relogement des demandeurs, et l'adaptation de l'offre à la demande. Depuis des années, notre collectif dénoncé chaque dérive lorsqu'elle est survenue: mal-logés en lutte, nous n'avons eu accès à aucun document confidentiel, il n'en était nul besoin, tant les orientations catastrophiques étaient visibles dans leur résultat, l'aggravation du mal-logement.
Dès 2009, le gouffre financier du nouveau siège de la rue Claude Bernard.
En 2004, la direction de Paris Habitat annonce la vente de son siège , rue Cardinal Lemoine et la présente comme une opération financière qui lui permettra de construire 1500 nouveaux logements sociaux. Mais en 2009, le bailleur opte pour l'achat d'un nouveau siège qui reviendra finalement à un coût exorbitant de 143 millions d'euros, alors que la vente de l'ancien en a rapporté moins de 40. En 2011, un rapport accablant de la Cour des Comptes valide l'analyse des syndicats de Paris Habitat : l'opération est un gouffre financier énorme et non justifié. Ainsi Paris Habitat OPH a pris à sa charge les travaux de désamiantage qui incombaient au constructeur, les travaux ont eu des années de retard, et des investissements luxueux et totalement décalés par rapport à la vocation du lieu ont encore augmenté la facture.
En 2010, les raisons d'une chute massive de la production
En 2010, la production de logements du
premier bailleur parisien a subi une chute brutale, : seuls 580 logements ont été produits. Et encore sur ce
chiffre, deux tiers, 380 unités,étaient des logements acquis occupés * (soit une chute de 78% !)
Qu'est ce qui explique cette chute ?
Ces dernières années, la majeure partie de la production a consisté à acheter des immeubles au privé, et à les re-conventionner. Bien souvent, la majorité des appartements était occupée, et en partie par des locataires aux revenus bien supérieurs à la limite pour pouvoir prétendre à un logement social. Souvent situés dans des quartiers chers, ces logements ont nécessité un immense investissement financier, au détriment des programmes neufs.
La production s'est effondrée, en raison de la chute de l'achat de logements acquis occupés : les investisseurs privés n'ont pas mis autant de biens sur le marché ou ont choisi de les vendre à d'autres que Paris Habitat OPH. De plus, la montée des prix de l'immobilier a conduit à ce que le prix d'achat d'un logement soit de plus en plus élevé, et les finances du bailleur social ne suivent pas.
Voilà comment on en arrivait, en 2010 à cette réduction dramatique de la production : 2606 logements en 2009, 560 en 2010, dont seulement 58 constructions neuves.*
Mêmes causes, mêmes effets ? En comité d'entreprise, au mois de décembre, en contradiction avec la communication publique d'Anne Hidalgo et de Ian Brossat, le directeur général annonçait "un problème de plan de charge au niveau de Paris sur la construction de logements" et un risque de "chute de la production ".
Qu'est ce qui explique cette chute ?
Ces dernières années, la majeure partie de la production a consisté à acheter des immeubles au privé, et à les re-conventionner. Bien souvent, la majorité des appartements était occupée, et en partie par des locataires aux revenus bien supérieurs à la limite pour pouvoir prétendre à un logement social. Souvent situés dans des quartiers chers, ces logements ont nécessité un immense investissement financier, au détriment des programmes neufs.
La production s'est effondrée, en raison de la chute de l'achat de logements acquis occupés : les investisseurs privés n'ont pas mis autant de biens sur le marché ou ont choisi de les vendre à d'autres que Paris Habitat OPH. De plus, la montée des prix de l'immobilier a conduit à ce que le prix d'achat d'un logement soit de plus en plus élevé, et les finances du bailleur social ne suivent pas.
Voilà comment on en arrivait, en 2010 à cette réduction dramatique de la production : 2606 logements en 2009, 560 en 2010, dont seulement 58 constructions neuves.*
Mêmes causes, mêmes effets ? En comité d'entreprise, au mois de décembre, en contradiction avec la communication publique d'Anne Hidalgo et de Ian Brossat, le directeur général annonçait "un problème de plan de charge au niveau de Paris sur la construction de logements" et un risque de "chute de la production ".
Un exemple des rachats hasardeux d'immeubles occupés, le marché avec la Caisse des Mines.
En 2009, Paris Habitat OPH conclut une transaction d'ensemble avec la Caisse de Retraite des Mines , transaction qui concerne plusieurs immeubles pour un coût global de 93 millions d'euros. Ces immeubles sont pour beaucoup en mauvais état, et leur réhabilitation est à la charge de Paris Habitat...qui deux ans après le rachat ne l'a toujours pas effectuée , et de surcroit continue à facturer un loyer aux prix du marché à des locataires qui peuvent prétendre à un logement social.
Or, l'ensemble de ces logements sont comptabilisés comme nouveaux logements sociaux dès leur rachat.
Pour avoir soutenu les locataires de ces immeubles, notre collectif sera menacé d'une plainte en diffamation par la direction de Paris Habitat OPH...qui renoncera finalement à ce motif pour choisir plutôt l'"entrave à la liberté du travail", à propos d'une manifestation sur ce sujet.
Quand Paris Habitat fiche ses locataires.
Il aura fallu un rapport de la CNIL rendu public pour que les locataires du
principal bailleur de la Ville de Paris apprennent qu'ils étaient
potentiellement fichés de manière illégale, et que des informations sur
leur vie privée, leur santé ou des appréciations insultantes et
diffamatoires étaient soigneusement consignés et accessibles au moins à une partie des salariés du bailleur.
Du côté de Paris Habitat OPH, de son président Jean Yves Mano,
mais aussi de Bertrand Delanôe, la réaction a été sans commune mesure
avec la gravité des faits: aucune excuse aux locataires, aucune réelle
garantie pour l'avenir non plus, aucune vraie précision sur
l'utilisation du fichier, notamment dans les commissions d'attribution
concernant les demandes de changement de logement.
L'Usufruit Locatif Social, des logements sociaux à durée déterminée .
Paris Habitat a quelques filiales peu connues , dont Aximo , utilisée depuis quelques années pour le lancement de programmes qui n'ont rien à voir avec le vrai logement social et qui coûtent pourtant cher en argent public.
Le dispositif de l'Usufruit Locatif Social consiste à démembrer la nue-propriété et l'usufruit d'un
logement pour une période de quinze ans : l'acheteur du logement
bénéficie d'une ristourne allant jusqu'à la moitié de la valeur actuelle
du bien, et en cède l'usufruit à un bailleur social qui va louer ces
logements en PLS ( les loyers les plus chers du logement social) ou en
logement intermédiaire. Pendant quinze ans, le propriétaire ne perçoit
pas de loyers : mais il ne paye aucun impôt sur le bien ( ni ISF, ni
taxe foncière) ...et à l'issue des quinze ans, il ne paiera pas d'impôt
sur la plus-value s'il revend le logement. Le bailleur social aura
l'obligation de remettre le logement à neuf et de reloger les locataires
dans son parc, à moins de racheter le logement.
Toutes ces opérations immobilières n'ont rien à voir avec les mécanismes
du logement social : pourtant ces logements privés de fait , avec des
loyers élevés, sont bien considérés comme du logement social au titre de
la loi SRU. C'est un dévoiement inacceptable . Aximo a ainsi réalisé un
programme d'ULS au Perreux, une ville qui a moins de 10 % de logements
sociaux, et dont le maire est un opposant de toujours à la loi SRU.
Désormais Aximo réalise aussi des programmes à Paris, dont le Carré des
Buttes Chaumont, une résidence en PLS dans la partie la plus chère du
19ème arrondissement, où 80 % des demandeurs de logement social ne peuvent pas accéder à un PLS.
En septembre 2015, notre collectif avait manifesté au siège social d'Aximo pour demander des explications sur ces programmes: la réponse de la direction de la filiale de Paris Habitat OPH avait été claire. Les comptes devaient être demandés à la direction de Paris Habitat OPH qui pilotait directement ces opérations.
La rénovation sélective, une pratique courante chez Paris Habitat.

A l'heure où les médias révèlent que de l'argent destiné à la réhabilitation et à la rénovation a été utilisé pour embellir des appartements réservé à des collaborateurs de la direction de Paris Habitat OPH, nous nous souvenons qu'il a fallu plusieurs années de combat à un locataire relogé en urgence dans un "appartement " contaminé au plomb et dévasté par l'humidité pour être relogé.
De manière plus large, faire reconnaître l'insalubrité d'un logement social ou la présence de dangers sanitaires est un parcours du combattant qui bien souvent n'aboutit pas pour les locataires concernés.
En effet, pour obtenir quoi que ce soit en termes de travaux, il faut d'abord un rapport établi par le Service Technique de l'Habitat....qui dépend de la Ville de Paris, tout comme Paris Habitat. La Ville, juge et partie , n'a que peu d'intérêt à reconnaitre que certains de ses logements sont insalubres et les procédures n'aboutissent donc que très rarement.
Ces dernières années, bien souvent les mal-logés et les locataires en lutte ont été les seuls à dénoncer la dérive du premier bailleur social de la Ville, et une politique bien différente de la vitrine entretenue à coup d'inaugurations très médiatisées . Anne Hidalgo qui déclare dans son communiqué de presse concernant les récentes révélations sur les fausses factures de la régie Paris Habitat, être "stupéfaite", le serait peut-être moins si elle et son équipe avaient prêté plus d'attention aux analyses et aux protestations des locataires et des demandeurs de logement inquiets du devenir du principal outil parisien pour la politique du logement.