mercredi 15 juin 2016

Paris Habitat: une nouvelle direction pour aller où ?


 
Ce jeudi 16 juin , aura lieu le Conseil d'Administration censé désigner une nouvelle direction pour Paris Habitat OPH, après le départ annoncé de Stéphane Dambrine et suite aux nombreux scandales ayant éclaboussé le premier bailleur social de la Ville de Paris. 

Les mal-logés en colère ont manifesté ce mercredi 15 juin au siège de la direction territoriale Nord Est: d'abord pour rappeler que nous sommes les premières victimes de la dérive de Paris Habitat, du gaspillage d'argent public comme de la stigmatisation du logement social qui découle de toutes les affaires mises en lumière par la presse. 

Ces dernières années, bien souvent les salariés du bailleur, les mal-logés et les locataires en lutte ont été les seuls à dénoncer la dérive du premier bailleur social de la Ville, et une politique bien différente de la vitrine entretenue à coup d'inaugurations très médiatisées . Anne Hidalgo qui déclare dans son communiqué de presse concernant les récentes révélations sur les fausses factures de la régie Paris Habitat, être "stupéfaite", le serait peut-être moins si elle et son équipe avaient prêté plus d'attention aux analyses et aux protestations des locataires et des demandeurs de logement inquiets du devenir du principal outil parisien pour la politique du logement.



En lieu et place, non seulement, la direction du bailleur a rompu tout dialogue social avec les collectifs d'usagers du logement social , mais n'a pas hésité à porter plainte pour de banales manifestations dans des lieux ouverts au public.

L'éviction du directeur général de Paris Habitat OPH  a finalement été décidée par Anne Hidalgo et Ian Brossat. Il aura fallu une accumulation d'articles de presse, dont la plupart ne révélaient pourtant rien, qui ne soit forcément connu, ou connaissable par les élus contrôlant, de fait, le premier bailleur social de la Ville. 

Pour les locataires et les demandeurs de logement, le départ de Stéphane Dambrine n'efface rien, et personnaliser l'analyse des dérives de Paris Habitat n'est  pas une solution suffisante pour y remédier et n'offre aucune garantie pour l'avenir.

Les scandales auxquels la presse s'est brusquement intéressée ne sont certes pas le fait d'un seul homme ou d'une seule équipe mais procèdent bien de choix stratégiques sur la politique du logement. Chacun d'entre eux reflète aussi l'abandon progressif du  rôle premier d'un bailleur social, le relogement des demandeurs, et l'adaptation de l'offre à la demande. Depuis des années, notre collectif  dénoncé chaque dérive lorsqu'elle est survenue: mal-logés en lutte, nous n'avons eu accès à aucun document confidentiel, il n'en était nul besoin, tant les orientations catastrophiques étaient visibles dans leur résultat, l'aggravation du mal-logement. 

En 2009, le gouffre financier de 143 millions d'euros creusé par le nouveau siège , censé au départ permettre des économies et de l'investissement pour les logements, inaugurait une longue dérive. S'ensuivait une chute de la production de 70 % en 2010, jamais compensée, puis l'achat hors de pris d'immeubles acquis occupés et en mauvais état dans les beaux quartiers, notamment ceux de la Caisse des Mines.

En 2012, on découvrait que les investissements dans des logiciels high tech censés faciliter la vie des locataires avaient en fait conduit à un fichage illégal , portant même sur des dénonciations calomnieuses et dégradantes ou sur l'état de santé de ces locataires.

Et cela continue : en Comité d'Entreprise, au mois de décembre dernier, le directeur général de Paris Habitat OPH a pronostiqué une nouvelle chute de la production de logements, en totale contradiction avec la politique de la Ville. 

Maintenant, il faut que ça cesse: Paris Habitat ne doit pas seulement changer de directeur , mais aussi de direction et reprendre le chemin qui est celui d'un bailleur social dans une ville dévastée par le mal-logement: reloger les demandeurs de logement, tous les demandeurs, et ne faire que ça.