Ce
jeudi 16 juin , aura lieu le Conseil d'Administration censé désigner une
nouvelle direction pour Paris Habitat OPH, après le départ annoncé de Stéphane Dambrine et suite aux nombreux scandales ayant éclaboussé le premier bailleur social de la Ville de Paris.
Les mal-logés en colère ont manifesté ce mercredi 15 juin au siège de la direction territoriale Nord Est: d'abord pour rappeler que nous sommes les premières victimes de la dérive de Paris Habitat, du gaspillage d'argent public comme de la stigmatisation du logement social qui découle de toutes les affaires mises en lumière par la presse.
Ces
dernières années, bien souvent les salariés du bailleur, les
mal-logés et les locataires en lutte ont été les seuls à dénoncer
la dérive du premier bailleur social de la Ville, et une politique
bien différente de la vitrine entretenue à coup d'inaugurations
très médiatisées . Anne Hidalgo qui déclare dans son communiqué
de presse concernant les récentes révélations sur les fausses
factures de la régie Paris Habitat, être "stupéfaite",
le serait peut-être moins si elle et son équipe avaient prêté
plus d'attention aux analyses et aux protestations des locataires et
des demandeurs de logement inquiets du devenir du principal outil
parisien pour la politique du logement.
En
lieu et place, non seulement, la direction du bailleur a rompu tout
dialogue social avec les collectifs d'usagers du logement social ,
mais n'a pas hésité à porter plainte pour de banales
manifestations dans des lieux ouverts au public.
L'éviction du directeur
général de Paris Habitat OPH a finalement été décidée par
Anne Hidalgo et Ian Brossat. Il aura fallu une accumulation
d'articles de presse, dont la plupart ne révélaient pourtant rien,
qui ne soit forcément connu, ou connaissable par les élus
contrôlant, de fait, le premier bailleur social de la Ville.
Pour les locataires et
les demandeurs de logement, le départ de Stéphane Dambrine n'efface
rien, et personnaliser l'analyse des dérives de Paris Habitat n'est
pas une solution suffisante pour y remédier et n'offre aucune
garantie pour l'avenir.
Les scandales auxquels la
presse s'est brusquement intéressée ne sont certes pas le fait d'un
seul homme ou d'une seule équipe mais procèdent bien de choix
stratégiques sur la politique du logement. Chacun d'entre eux
reflète aussi l'abandon progressif du rôle premier d'un
bailleur social, le relogement des demandeurs, et l'adaptation de
l'offre à la demande. Depuis des années, notre collectif
dénoncé chaque dérive lorsqu'elle est survenue: mal-logés en
lutte, nous n'avons eu accès à aucun document confidentiel, il n'en
était nul besoin, tant les orientations catastrophiques étaient
visibles dans leur résultat, l'aggravation du mal-logement.
En 2009, le gouffre
financier de 143 millions d'euros creusé par le nouveau siège ,
censé au départ permettre des économies et de l'investissement
pour les logements, inaugurait une longue dérive. S'ensuivait une
chute de la production de 70 % en 2010, jamais compensée, puis
l'achat hors de pris d'immeubles acquis occupés et en mauvais état
dans les beaux quartiers, notamment ceux de la Caisse des Mines.
En 2012, on découvrait
que les investissements dans des logiciels high tech censés
faciliter la vie des locataires avaient en fait conduit à un fichage
illégal , portant même sur des dénonciations calomnieuses et
dégradantes ou sur l'état de santé de ces locataires.
Et cela continue :
en Comité d'Entreprise, au mois de décembre dernier, le directeur
général de Paris Habitat OPH a pronostiqué une nouvelle chute de
la production de logements, en totale contradiction avec la politique
de la Ville.
Maintenant, il faut que ça cesse: Paris Habitat ne doit pas seulement changer de directeur , mais aussi de direction et reprendre le chemin qui est celui d'un bailleur social dans une ville dévastée par le mal-logement: reloger les demandeurs de logement, tous les demandeurs, et ne faire que ça.