La mairie du 17ème a reçu aujourd'hui la visite des mal-logés en colère contre les multiples prises de position anti-logement social de la maire de l'arrondissement, Brigitte Küster.
Au
Conseil de Paris, au mois de juillet Mme la Maire du 17ème a déposé
un vœu plutôt exigeant : la suppression de pas moins de huit
emplacements réservés au logement social sur l'arrondissement par
le Plan Local d'Urbanisme.
Le 17ème
serait-il extraordinairement bien pourvu en logements sociaux ?
Pas du tout. En 2015 l'arrondissement comptait moins de 13 % de
HLM , bien en deça de ce qu'exige la loi.
Le 17ème
arrondissement ne compterait-il aucun demandeur de logement social ?
Pas du tout, il en compte plus de 7500 .
Mais les
besoins des Parisiens ne sont apparemment pas le sujet, en mairie du
17ème. En tout cas pas ceux des Parisiens modestes qui ne peuvent se
loger ailleurs que dans le logement social.
Pour la
maire du 17ème, nous sommes manifestement un problème en soi,
problème dont elle avertit les habitants déjà installés à
longueur d'interventions stigmatisantes : nous serions une
menace pour la mixité sociale, pour l'équilibre des quartiers, pour
la réputation immobilière de l'arrondissement. Ces discours ont des
effets désastreux : ils mobilisent contre le logement social,
attisent les peurs et entraînent des initiatives de blocage
juridique ou autre des opérations en cours.
De plus,
nous n'avons pas entendu les élus du 17ème arrondissement se
plaindre globalement d'opérations comme celle de la ZAC des
Batignolles, qui ont généré, sur des terrains en partie publics,
des constructions de bureaux, d'équipements urbains utiles à tous,
du logement privé, des pépinières d'entreprises accueillies par
des bailleurs sociaux.
D'ailleurs,
Mme Kuster défend bien le logement aidé : elle demande plus
de logements intermédiaires. C'est à dire des logements qui
bénéficient de décotes sur le prix de vente des terrains publics,
des logements financés et construits par des bailleurs publics, et
dont le loyer sera légèrement inférieur à celui du privé, grâce
aux subventions de l'état et des collectivités territoriales.
L'investissement
d'argent public, c'est bien, mais pas pour les besoins des
Parisiens ?
Quel
avenir alors pour les centaines de milliers d'habitants de la
capitale confrontés au mal-logement ? La situation actuelle,
celle qui nous condamne aux logements trop petits aux loyers trip
chers, que nous soyons retraités, étudiants, jeunes actifs,
chômeurs, précaires ?
En effet,
le logement intermédiaire est inaccessible aux Parisiens modestes :
déjà les loyers du PLS , le plus cher des logements sociaux ,
sont trop élevés pour 75 % des foyers demandeurs de HLM.
Nous
vivons déjà à Paris, dans des conditions indignes et avec tous nos
droits bafoués. Nous reloger décemment ne constitue aucune menace
pour aucun quartier. Si les milliers de personnes qui vivent dans les
chambres de bonnes des beaux quartiers de l'Ouest Parisien étaient
relogées, par exemple, personne n'en souffrirait. La population ne
changerait même pas, elle serait juste traitée à égalité.
C'est le mal-logement qui est le
problème, et le logement social partout en fonction des besoins , la
solution.