mercredi 7 septembre 2016

Grand Paris, petite politique du logement social: stop à la métropole à deux vitesses.



Les mal-logés sont intervenus aujourd'hui au Syndicat d'élus franciliens Paris Métropole, où se tenait un séminaire intitulé «  Le Grand Paris, une chance pour tous ? ».Nous sommes venus alerter : dans son orientation actuelle, le Grand Paris, sur la question de l'accès au logement est un cauchemar et le restera si rien ne change.C'est aussi ce que nous dirons à Patrick Jarry, maire de Nanterre et actuel président de Paris Métropole, puisque nous avons finalement obtenu un rendez-vous.

Tous les grands travaux d'infrastructures de transports créent une augmentation mécanique des prix des loyers du privé dans les zones concernées, celles qui sont à proximité des gares. Cette tendance générale s'est vérifiée partout en Ile de France depuis des années et elle est loin de se résumer à une division entre Paris/petite/grande couronne. De plus en plus, au sein des mêmes communes, co-existent les zones proches des gares qui permettent de rejoindre facilement les autres centres économiques de la métropole, et des zones de relégation , dépourvues de tout.

Or dans tous les domaines de la politique publique du logement, on localise ceux réservés aux catégories modestes prioritairement dans ces zones : les personnes sans abri, familles ou célibataires sont de plus en plus fréquemment relégués dans des hébergements d'urgence éloignés de tout, dans des hôtels situés dans des zones industrielles situées loin de tout transport urbain.
Les logements sociaux accessibles à tous se situent désormais soit dans le parc ancien soit bien souvent dans les zones les moins attractives de la métropole. Dans les anciens quartiers populaires des centres villes ou de la périphérie parisienne ( au cœur de la métropole, donc ), sous prétexte de mixité sociale, les logements sociaux nouveaux sont non seulement en nombre insuffisant, mais relèvent aussi bien souvent des catégories les plus chères du logement social, inaccessibles à la majorité des demandeurs.

La loi DALO se transforme en piège : aujourd'hui, l'Etat a de plus en plus tendance à proposer des relogements n'importe où et toujours loin de tout. Loin du lieu de travail, loin du quartier et de la commune où les demandeurs avaient leurs attaches sociales, familiales, professionnelles. Le droit au logement opposable se résume à des propositions inacceptables parce qu'elles résolvent un problème pour en créer d'autres à des personnes issues des catégories sociales modestes . De la même manière, les « logements d'insertion » du type Solibail, proposés comme alternative à l'hôtel sont souvent dans des zones où les propriétaires n'arrivent pas à louer sur le marché privé.

Quand le Grand Paris est présenté comme un changement d'échelle profitable à tous , cela n'a aucune réalité dans les faits: pour les entreprises, pour les catégories aisées de la population, c'est peut-être le cas. Mais les politiques actuellement menées en matière de logement condamnent le million de Franciliens mal-logés à rester tout en bas de l'échelle métropolitaine.

Et il ne s'agit pas d'un problème résiduel : plus d'un demi-million de personnes sont en attente d'un logement social décent en Ile de France. Et l'accès au logement décent détermine aussi l'accès à la plupart des autres droits sociaux.

Nous ne serons pas les oubliés du Grand Paris : nous sommes aujourd'hui venus rappeler notre existence à nos élus, qui seuls, peuvent engager la puissance publique dans une politique de logement juste qui corresponde aux besoins.