Les
mal-logés sont intervenus aujourd'hui au Syndicat d'élus franciliens
Paris Métropole, où se tenait un séminaire intitulé « Le
Grand Paris, une chance pour tous ? ».Nous
sommes venus alerter : dans son orientation actuelle, le Grand
Paris, sur la question de l'accès au logement est un cauchemar et le
restera si rien ne change.C'est aussi ce que nous dirons à Patrick Jarry, maire de Nanterre et actuel président de Paris Métropole, puisque nous avons finalement obtenu un rendez-vous.
Tous les
grands travaux d'infrastructures de transports créent une
augmentation mécanique des prix des loyers du privé dans les zones
concernées, celles qui sont à proximité des gares. Cette tendance
générale s'est vérifiée partout en Ile de France depuis des
années et elle est loin de se résumer à une division entre
Paris/petite/grande couronne. De plus en plus, au sein des mêmes
communes, co-existent les zones proches des gares qui permettent de
rejoindre facilement les autres centres économiques de la métropole,
et des zones de relégation , dépourvues de tout.
Or dans
tous les domaines de la politique publique du logement, on localise
ceux réservés aux catégories modestes prioritairement dans ces
zones : les personnes sans abri, familles ou célibataires sont
de plus en plus fréquemment relégués dans des hébergements
d'urgence éloignés de tout, dans des hôtels situés dans des zones
industrielles situées loin de tout transport urbain.
Les
logements sociaux accessibles à tous se situent désormais soit dans
le parc ancien soit bien souvent dans les zones les moins attractives
de la métropole. Dans les anciens quartiers populaires des centres
villes ou de la périphérie parisienne ( au cœur de la métropole,
donc ), sous prétexte de mixité sociale, les logements sociaux
nouveaux sont non seulement en nombre insuffisant, mais relèvent
aussi bien souvent des catégories les plus chères du logement
social, inaccessibles à la majorité des demandeurs.
La loi
DALO se transforme en piège : aujourd'hui, l'Etat a de plus en
plus tendance à proposer des relogements n'importe où et toujours
loin de tout. Loin du lieu de travail, loin du quartier et de la
commune où les demandeurs avaient leurs attaches sociales,
familiales, professionnelles. Le droit au logement opposable se
résume à des propositions inacceptables parce qu'elles résolvent
un problème pour en créer d'autres à des personnes issues des
catégories sociales modestes . De la même manière, les
« logements d'insertion » du type Solibail, proposés
comme alternative à l'hôtel sont souvent dans des zones où les
propriétaires n'arrivent pas à louer sur le marché privé.
Quand le
Grand Paris est présenté comme un changement d'échelle profitable
à tous , cela n'a aucune réalité dans les faits: pour les
entreprises, pour les catégories aisées de la population, c'est
peut-être le cas. Mais les politiques actuellement menées en
matière de logement condamnent le million de Franciliens mal-logés
à rester tout en bas de l'échelle métropolitaine.
Et il ne
s'agit pas d'un problème résiduel : plus d'un demi-million de
personnes sont en attente d'un logement social décent en Ile de
France. Et l'accès au logement décent détermine aussi l'accès à
la plupart des autres droits sociaux.
Nous ne
serons pas les oubliés du Grand Paris : nous sommes aujourd'hui
venus rappeler notre existence à nos élus, qui seuls, peuvent
engager la puissance publique dans une politique de logement juste
qui corresponde aux besoins.