mercredi 28 septembre 2016

Parcours de combattants: perdre son conjoint, perdre son DALO





Face à l'indifférence des élus, la solidarité des mal-logés. Une manifestation de colère et de dignité ce 28 septembre devant la mairie du 12ème arrondissement, où siège Mme Vieu Charier, adjointe de la Ville de Paris aux Anciens Combattants. 

Toute les situations de mal-logement sont inacceptables, tous les mal-logés doivent être relogés.

Mais ce n'est pas la réalité. En France, on peut mourir mal-logé, après des années de maltraitance intolérable. Mr H. membre de notre collectif, est décédé dans une chambre de bonne insalubre et exigüe, au sixième étage d'un immeuble sans ascenseur à plus de 90 ans. En fauteuil roulant, il n'en sortait plus que pour aller en urgence à l'hôpital. Il ne pouvait bénéficier d'aucune aide à domicile, au vu de la taille et de l'état du logement. Il y vivait avec son épouse, elle même âgée et affaiblie, et son fils adulte, lourdement handicapé.

Pour être reconnus prioritaires DALO, il leur avait fallu des années, leur premier recours ayant été rejeté, parce que les services sociaux surchargés n'avaient pu les aider à constituer le dossier.

Pendant plusieurs années, ils ont été reçus tous les six mois par différents élus de leur mairie d'arrondissement, qui assuraient régulièrement avoir compris l'urgence de la situation. En 2014, notre collectif avait reçu du cabinet de l'adjoint au Logement de la Ville, l'assurance d'un examen rapide et attentif du dossier , au vu de l' « urgence exceptionnelle » de la situation.Pendant l'hiver 2015-2016, alors que l'état de mr H. s'aggravait, les promesses avaient été réaffirmées.

Finalement au printemps, Monsieur H et son épouse ont bien reçu une proposition de logement de Paris Habitat OPH. Mais Monsieur H. est décédé quelques jours avant le passage en commission, dans sa chambre de bonne insalubre. Avec son statut de prioritaire DALO.

De nouveau, en mairie de Paris, on nous a assuré de l'examen en urgence du dossier de son épouse et de son fils. Tout en nous précisant que la situation était désormais « compliquée », puisque les ressources du mari n'étaient plus assurées. Mme H. effectivement, vivait une situation compliquée. Au décès de son époux, s'est ajoutée l'absence de ressources, car toucher une pension de réversion met des mois et des mois, et le fils, lui, a vu son AAH suspendue suite à une erreur de la CAF.

Au mois de juillet, Mme Catherine Vieu-Charier , adjointe aux Anciens combattants de la Ville nous promettait de se pencher sur le dossier, puisque Monsieur H , était ancien combattant. Et ancien mal-logé, et prioritaire DALO de longue date.

Nous sommes en septembre, le dossier a connu une seule évolution : Mme H. a perdu son statut de prioritaire DALO, car le dossier a été constitué avec son époux , qui est décédé.


Rien d'illégal, rien d'anormal, rien que de très banal. La complexité voulue des démarches, le manque de travailleurs sociaux, le DALO aux critères ultra-restrictifs qui ne sert à rien une fois qu'on l'a, les demandes de logement qui n'aboutissent pas, quelle que soit l'urgence, c'est le quotidien de centaines de milliers de Parisiens et de Franciliens.

Ce quotidien contre lequel des mal-logés solidaires se mobilisent sans cesse, ensemble. Face à l'indifférence et à l'inaction des pouvoirs publics, la mobilisation ne suffit pas toujours à temps. Pour Monsieur H., il était trop tard.

Mais aucun mur d'indécence et d'indifférence ne nous empêchera de continuer à lutter pour Mme H . et son fils, et nous serons là, jusqu'au relogement pour rappeler à chacun la honte des promesses non tenues. La honte d'un pays riche, d'une ville riche, où l'on peut vivre et mourir mal-logé, même quand on a survécu à la guerre qu'on a faite pour lui.