Face à l'indifférence des élus, la solidarité des mal-logés. Une manifestation de colère et de dignité ce 28 septembre devant la mairie du 12ème arrondissement, où siège Mme Vieu Charier, adjointe de la Ville de Paris aux Anciens Combattants.
Toute les
situations de mal-logement sont inacceptables, tous les mal-logés
doivent être relogés.
Mais ce
n'est pas la réalité. En France, on peut mourir mal-logé, après
des années de maltraitance intolérable. Mr H. membre de notre
collectif, est décédé dans une chambre de bonne insalubre et
exigüe, au sixième étage d'un immeuble sans ascenseur à plus de
90 ans. En fauteuil roulant, il n'en sortait plus que pour aller en
urgence à l'hôpital. Il ne pouvait bénéficier d'aucune aide à
domicile, au vu de la taille et de l'état du logement. Il y vivait
avec son épouse, elle même âgée et affaiblie, et son fils adulte,
lourdement handicapé.
Pour être
reconnus prioritaires DALO, il leur avait fallu des années, leur
premier recours ayant été rejeté, parce que les services sociaux
surchargés n'avaient pu les aider à constituer le dossier.
Pendant
plusieurs années, ils ont été reçus tous les six mois par
différents élus de leur mairie d'arrondissement, qui assuraient
régulièrement avoir compris l'urgence de la situation. En 2014,
notre collectif avait reçu du cabinet de l'adjoint au Logement de la
Ville, l'assurance d'un examen rapide et attentif du dossier , au vu
de l' « urgence exceptionnelle » de la
situation.Pendant l'hiver 2015-2016, alors que l'état de mr H.
s'aggravait, les promesses avaient été réaffirmées.
Finalement
au printemps, Monsieur H et son épouse ont bien reçu une
proposition de logement de Paris Habitat OPH. Mais Monsieur H. est
décédé quelques jours avant le passage en commission, dans sa
chambre de bonne insalubre. Avec son statut de prioritaire DALO.
De
nouveau, en mairie de Paris, on nous a assuré de l'examen en urgence
du dossier de son épouse et de son fils. Tout en nous précisant que
la situation était désormais « compliquée », puisque
les ressources du mari n'étaient plus assurées. Mme H.
effectivement, vivait une situation compliquée. Au décès de son
époux, s'est ajoutée l'absence de ressources, car toucher une
pension de réversion met des mois et des mois, et le fils, lui, a vu
son AAH suspendue suite à une erreur de la CAF.
Au mois de juillet, Mme Catherine Vieu-Charier , adjointe aux Anciens
combattants de la Ville nous promettait de se pencher sur le dossier,
puisque Monsieur H , était ancien combattant. Et ancien
mal-logé, et prioritaire DALO de longue date.
Nous
sommes en septembre, le dossier a connu une seule évolution :
Mme H. a perdu son statut de prioritaire DALO, car le dossier a été
constitué avec son époux , qui est décédé.
Rien
d'illégal, rien d'anormal, rien que de très banal. La complexité
voulue des démarches, le manque de travailleurs sociaux, le DALO aux
critères ultra-restrictifs qui ne sert à rien une fois qu'on l'a,
les demandes de logement qui n'aboutissent pas, quelle que soit
l'urgence, c'est le quotidien de centaines de milliers de Parisiens
et de Franciliens.
Ce
quotidien contre lequel des mal-logés solidaires se mobilisent sans
cesse, ensemble. Face à l'indifférence et à l'inaction des
pouvoirs publics, la mobilisation ne suffit pas toujours à temps.
Pour Monsieur H., il était trop tard.
Mais
aucun mur d'indécence et d'indifférence ne nous empêchera de
continuer à lutter pour Mme H . et son fils, et nous serons là,
jusqu'au relogement pour rappeler à chacun la honte des promesses
non tenues. La honte d'un pays riche, d'une ville riche, où l'on
peut vivre et mourir mal-logé, même quand on a survécu à la
guerre qu'on a faite pour lui.