Chaque fois qu'il pleut, chez Mr et Mme W, on sort les seaux. Quand il ne pleut pas, on peut se contenter des éponges, afin d'absorber régulièrement l'humidité qui suinte du plafond des deux chambres d'enfants. Et bien sûr des brosses et de la peinture à refaire régulièrement, puisque les murs deviennent noirs assez rapidement à plusieurs endroits.
Mr et Mme W. ne vivent pas dans un taudis loué par un marchand de sommeil privé, mais dans un logement social du 19ème arrondissement. Lorsqu'ils ont été relogés, après des années de lutte dans l'insalubrité, ils ont évidemment accepté le logement proposé, malgré leur inquiétude concernant certains problèmes déjà visibles: d'une part, l'appartement était initialement un F3, que l'ajout d'une cloison dans le salon avait "transformé" en F4. La "nouvelle" pièce était donc exigüe et peu aérée. D'autre part, des traces d'humidité importante apparaissaient déjà sur les murs. Paris Habitat les avait rassurés, en promettant des travaux.
Mais très vite, la cause principale de l'humidité est apparue: des infiltrations d'eau dans le plafond du logement, à plusieurs endroits, qui se transformaient en ruissellements dès que la pluie tombait.
En 2011, suite à d'innombrables réclamations des locataires, Paris Habitat réalise des "travaux"....qui ne changent absolument rien. Des salariés de Paris Habitat expliquent à la famille, que les interventions dans l'appartement même ne seront pas efficaces, car le problème vient du bâti de l'immeuble et nécessiterait une réhabilitation bien plus vaste.


Celle-ci n'intervient que deux mois plus tard , mais aucun constat , ni document n'est remis à la famille.
Suite à la mobilisation du collectif devant l'inaction et le silence de Paris Habitat et de la Ville, nous recevons en juin 2016, un nouveau mail du cabinet de Ian Brossat, concernant les résultats de la visite du STH. Le cabinet de l'Adjoint au Logement reconnaît le problème d'insalubrité dans les termes suivants:
"le STH a constaté la présence d’humidité avec développement de moisissures due à l’absence d’entrées d’air dans les deux chambres. Une lettre a été adressée dans la foulée à PARIS HABITAT pour leur demander de remédier à ce problème. Tenez-nous au courant si les travaux ne sont pas effectués."
Octobre 2016: la famille n'a eu aucune nouvelle , ni du STH, ni de Paris Habitat, ni de la Ville depuis des mois. Lors d'un rendez-vous du collectif avec la direction de Paris Habitat, nous sommes d'abord informés que le dossier ne mentionne aucune visite du STH,
Quelques jours plus tard, rectification par mail: en fait, le dossier mentionne bien la visite du STH, mais pas de problème d'insalubrité.....et la direction de Paris Habitat nous demande de bien vouloir lui envoyer des photos de l'insalubrité qui n'existe pas.
Depuis des années, toutes les traces des démarches de la famille disparaissent mystérieusement de son dossier. Il en va de même depuis un an concernant les interventions du collectif: Et apparemment, même les constats reconnus par l'Adjoint au Logement de la Ville au mois de juin, peuvent s'évaporer au mois d'octobre.
La moisissure sur les murs, l'eau qui coule abondamment en cas de pluie, elles sont bien présentes dans un appartement où l'insalubrité pourrit la vie des locataires, les contraint à des mesures d'urgence qui ont un coût pour cette famille modeste et a des implications sur leur santé.
Sur un précédent dossier d'insalubrité dans un logement social de Paris Habitat, notre collectif a pu constater le même déni pendant des années: "perte " du dossier, accusations contre la famille qui aurait créé elle-même l'insalubrité , et même "conseils" de rabotage de la porte d'entrée pour "améliorer " la circulation de l'air. Seule la mobilisation a finalement permis le relogement de la famille, dans un logement décent.
Nous accédons donc aujourd'hui à la demande de Paris Habitat de photos "prouvant" le problème d'insalubrité: nous les publions ici, étant ainsi certains qu'elles ne disparaîtront pas.