mercredi 19 octobre 2016

Logements insalubres et sur-occupés: aux grands maux, les faux remèdes.



Une manifestation déterminée à réuni aujourd'hui près d'une centaine de mal-logés devant les locaux de la Direction Locale de l'Habitat , qui inclut le service technique chargé de l'insalubrité à Paris.

"Insalubrité remédiable" est devenu le terme préféré des pouvoirs publics , notamment de la Ville de Paris, pour qualifier des situations de mal-logement intolérables et durables: actuellement une infime minorité de ces situations ouvre droit à un relogement rapide. Les causes de l'insalubrité sont examinées de manière superficielle, par plusieurs interlocuteurs, qui, chacun, ne s'occupent que d'un désordre parmi d'autres. Des travaux de surface pour lesquels les propriétaires perçoivent des aides publiques sont prescrits après des mois d'attente, pour l'un des problèmes: une fois les "travaux" réalisés, avec souvent des attestations de complaisance d'entrepreneurs peu scrupuleux, le dossier est classé. Seulement quand on prétend traiter séparément , des problèmes d'humidité, d'absence d'aération, de bâti lourdement dégradé, d'installations électriques non conformes, c'est inefficace et les logements restent insalubres. 

Certains foyers restent ainsi classés en insalubrité "remédiable", pendant des années, et doivent recommencer les procédures sans arrêt. De toute façon, les moyens alloués au STH ne lui permettent pas d'assurer ses missions d'évaluation et de contrôle correctement et ses salariés sont débordés.

Très souvent les logements sont de toute façon sur-occupés: et des propriétaires profitant de la détresse des mal-logés les contraignent de plus en plus souvent à accepter des logements d'une surface bien inférieure à celle inscrite sur le bail. Or le Service Technique de l'Habitat ne prend pas en charge la vérification du métrage réel des appartements, et les attestations des travailleurs sociaux sur ce sujet sont refusées par les commissions DALO. 

Si les élus de la Ville reconnaissent le caractère diffus d'une grande partie des situations d'insalubrité dans la capitale, le fait que celle-ci soit très souvent invisible au sein d'immeubles dont l'extérieur semble en bon état, mais les actes ne suivent pas. Dans le système de cotation de la Ville, le critère de l'insalubrité est totalement négligé, les preuves à apporter souvent impossibles, puisque le STH ne communique pas ses rapports aux concernés. Résultat, des personnes vivant dans des logements qui dégradent leur santé et aggravent leurs difficultés quotidiennes sont simplement considérés comme des locataires du parc privé ordinaire, dont la demande de logement n'a aucun fondement, aucune urgence alors qu'elle est l'unique solution au mal-logement. 

Les démarches individuelles, interminables, complexes, décourageantes ne permettent pas l'accès à nos droits. Notamment au sein du parc social de la Ville, où l'insalubrité se développe, et est encore plus difficile à faire reconnaître, la Ville étant à la fois juge et partie dans ces dossiers.