mercredi 2 novembre 2016

19ème arrondissement:l'insalubrité partout, même dans les logements sociaux.



Plus de 70 mal-logés ont manifesté ce 2 novembre devant la mairie du 19ème arrondissement contre l'insalubrité qui gagne du terrain dans la capitale. 

Depuis quelques années, parce que des taudis effectivement infâmes ont été détruits dans les quartiers de l'Est parisien, l'idée selon laquelle le problème de l'insalubrité serait globalement résolu à Paris s'est imposée.

La réalité est bien différente, et les personnes concernées ont encore plus de mal à faire prendre en compte leur situation, parce qu'elle est désormais invisibilisée.
De plus, la politique de lutte contre l'insalubrité se résume souvent aujourd'hui à la prescription de travaux au coup par coup , travaux pour lesquels les propriétaires reçoivent beaucoup d'argent public, sans que cela résolve la situation des mal-logés, qu'on ne reloge pas.

A l'approche de l'hiver, beaucoup d'habitants s'apprêtent ainsi à vivre au milieu des fuites d'eau, dans des appartements aux murs couverts de moisissures, à l'installation électrique dangereuse et défaillante. A l'heure où l'on parle beaucoup de « précarité énergétique », il faut rappeler que les logements humides et mal isolés amènent également, pendant l'hiver à une surconsommation énergétique, à des factures d'électricité ou de gaz exorbitantes qui fragilisent encore un peu plus des ménages aux revenus modestes.

Pire, l'insalubrité n'est pas réservée aux logements du parc privé : dans le 19ème arrondissement notamment, certains logements sociaux sont également touchés, faute de réhabilitation lourde. Depuis quelques années, afin de pallier au manque de grands logements HLM à loyers réellement sociaux, Paris Habitat et d'autres bailleurs de la Ville ont « modulé » leurs appartements. En ajoutant une cloison, on a ainsi « transformé » des F3 en F4. Cette « transformation » , dans des appartements déjà dégradés a aggravé la situation : les « nouvelles pièces » ainsi crées n'ont pas le niveau d'aération nécessaire. Les problèmes d'insalubrité dans le logement social sont le plus souvent niés : comme il s'agit des bailleurs sociaux de la Ville de Paris, le Service Technique de l'Habitat, lui même dépendant de la Ville ne les reconnaît pas. Pour les commissions DALO , à partir du moment où les mal-logés sont locataires d'un logement social, les foyers sont exclus du dispositif.

L'insalubrité ne se résume pas aux situations les plus tragiques, celles où les immeubles finissent par brûler ou par s'effondrer. Les tragédies n'arrivent pas du jour au lendemain, par de tristes hasards : les désordres accumulés et non traités , l'abandon des locataires dans des logements indécents, le refus de les reloger, et des travaux légers qui ne changent rien finissent par créer des drames.

Nos élus doivent reconnaître les dangers graves auxquels sont confrontés une partie des habitants de leurs arrondissement, et la situation insupportable qu'ils vivent au quotidien, qui dégrade leur santé et celle de leurs enfants. L'aide financière aux propriétaires privés ne peut être l'unique réponse, les locataires du parc public comme du parc privé doivent aussi voir leurs droits respectés.