Plus de 70 mal-logés ont manifesté ce 2 novembre devant la mairie du 19ème arrondissement contre l'insalubrité qui gagne du terrain dans la capitale.
Depuis quelques années, parce que des taudis effectivement infâmes ont été détruits dans les quartiers de l'Est parisien, l'idée selon laquelle le problème de l'insalubrité serait globalement résolu à Paris s'est imposée.
La réalité
est bien différente, et les personnes concernées ont encore plus de
mal à faire prendre en compte leur situation, parce qu'elle est
désormais invisibilisée.
De plus, la
politique de lutte contre l'insalubrité se résume souvent
aujourd'hui à la prescription de travaux au coup par coup , travaux
pour lesquels les propriétaires reçoivent beaucoup d'argent public,
sans que cela résolve la situation des mal-logés, qu'on ne reloge
pas.
A l'approche
de l'hiver, beaucoup d'habitants s'apprêtent ainsi à vivre au
milieu des fuites d'eau, dans des appartements aux murs couverts de
moisissures, à l'installation électrique dangereuse et défaillante.
A l'heure où l'on parle beaucoup de « précarité énergétique »,
il faut rappeler que les logements humides et mal isolés amènent
également, pendant l'hiver à une surconsommation énergétique, à
des factures d'électricité ou de gaz exorbitantes qui fragilisent
encore un peu plus des ménages aux revenus modestes.
Pire,
l'insalubrité n'est pas réservée aux logements du parc privé :
dans le 19ème arrondissement notamment, certains logements sociaux
sont également touchés, faute de réhabilitation lourde. Depuis
quelques années, afin de pallier au manque de grands logements HLM à
loyers réellement sociaux, Paris Habitat et d'autres bailleurs de la
Ville ont « modulé » leurs appartements. En ajoutant une
cloison, on a ainsi « transformé » des F3 en F4. Cette
« transformation » , dans des appartements déjà
dégradés a aggravé la situation : les « nouvelles
pièces » ainsi crées n'ont pas le niveau d'aération
nécessaire. Les problèmes d'insalubrité dans le logement social
sont le plus souvent niés : comme il s'agit des bailleurs
sociaux de la Ville de Paris, le Service Technique de l'Habitat, lui
même dépendant de la Ville ne les reconnaît pas. Pour les
commissions DALO , à partir du moment où les mal-logés sont
locataires d'un logement social, les foyers sont exclus du
dispositif.
L'insalubrité
ne se résume pas aux situations les plus tragiques, celles où les
immeubles finissent par brûler ou par s'effondrer. Les tragédies
n'arrivent pas du jour au lendemain, par de tristes hasards :
les désordres accumulés et non traités , l'abandon des locataires
dans des logements indécents, le refus de les reloger, et des
travaux légers qui ne changent rien finissent par créer des drames.
Nos élus
doivent reconnaître les dangers graves auxquels sont confrontés une
partie des habitants de leurs arrondissement, et la situation
insupportable qu'ils vivent au quotidien, qui dégrade leur santé et
celle de leurs enfants. L'aide financière aux propriétaires privés
ne peut être l'unique réponse, les locataires du parc public comme
du parc privé doivent aussi voir leurs droits respectés.