jeudi 22 décembre 2016

SNI: le premier bailleur public d'Etat ne respecte même pas le DALO.


 
 Les demandeurs de logement en lutte ont manifesté ce 22 décembre jusqu'à être reçus par Manuel Flam, le directeur général de la SNI.

La Société Nationale Immobilière reste le premier bailleur public d'Etat. Son bilan en matière de relogement des demandeurs en attente d'un logement social est pourtant désespérant : le dernier rapport du Haut Comité pour le Logement des Personnes Défavorisées ( HCLPD) révèle des chiffres accablants. Même pour les mal-logés qui ont réussi à obtenir le DALO, le parc d'OSICA et D'EFIDIS, les deux filiales du groupe dédiées aux HLM, reste inaccessible. Les bailleurs leur réservent seulement 6,6 % de leur parc.

Le label DALO est pourtant l'aboutissement d'un parcours du combattant : des critères de plus en plus restrictifs sont imposés par des commissions de médiation. Le DALO n'est plus accordé qu'à 29 % des mal-logés qui déposent un dossier.

DALO ou pas DALO , le vrai sujet reste le même : le développement d'une offre de vrais logements sociaux, à des loyers accessibles et correspondant aux besoins des demandeurs a été délaissé, au profit de l'offre de « logements intermédiaires », dont les loyers sont inférieurs d'à peine 10 à 15 % à ceux du marché privé.

Le résultat ? Quelle que soit l'urgence du mal-logement, certaines catégories socio-professionnelles se voient toujours opposer la même réponse, insuffisance de revenus. Cela concerne les salariéEs modestes, les précaires, les travailleuses à temps partiel, les chômeurs, les retraités.

Alors que le mot « mixité sociale » est dans la bouche de tous les acteurs publics du logement et de l'urbanisme dans leurs interventions publiques, dans la pratique, c'est exactement le contraire : les bailleurs sociaux nous disent en face qu'il ne faut pas espérer un relogement dans la capitale, mais pas non plus en petite couronne et même pas en moyenne, si l'on n'a que le SMIC, ou un peu plus ou un peu moins. Les rares propositions de relogement faites sont le plus souvent dans des zones très mal desservies par les transports communs, dans la partie la plus ancienne du parc social, et sans tenir compte aucun des attaches professionnelles et sociales des demandeurs.

Pourtant, les bailleurs publics ne sont pas en faillite : la Société Nationale Immobilière est très fière d'afficher la réussite de ses levées de fonds de plusieurs milliards pour des programmes de dizaines de milliers de logements intermédiaires, semi-privés qui vont lui rapporter beaucoup d'argent, à elle et aux investisseurs immobiliers qui participent à l'opération.

André Yche , le président de la SNI, présenté comme le « stratège du logement social » par le journal La Tribune promet depuis des années que sa conception « entrepreneuriale » de l'action en matière de logement portera ses fruits pour tout le monde : la diversification de l'offre des bailleurs publics, la construction de logements intermédiaires  « rentables » devait permettre de dégager les fonds nécessaires à une politique sociale ambitieuse.

On attend toujours. Et pour les demandeurs de logement aux revenus modeste, l'attente ne se fait pas dans un fauteuil d'entrepreneur, mais dans des conditions insupportables : tous les indicateurs du mal-logement sont au rouge. + 50 % de sans domicile et + 19 % de personnes hébergées chez des tiers, entre 2001 et 2012, + 17 % de logements sur occupés et + 42 % de ménages dont le taux d’effort financier pour se loger est insupportable, entre 2006 et 2013  , selon le rapport du HPCLD.

Nous ne pouvons plus attendre. Le premier bailleur public d'Etat doit respecter le droit au logement.


mercredi 7 décembre 2016

Logement : la lutte contre la discrimination ne passe pas par la cotation

Dans le cadre de la Semaine Parisienne de Lutte contre les Discriminations , le Collectif Mal-Logés en Colère a manifesté pendant plusieurs heures cet après-midi au Point d'Accès aux Droits du 18ème arrondissement, où est élu Ian Brossat, notre adjoint au Logement.

Tous les organisateurs de concours le savent, pour avoir peu de gagnants, le meilleur moyen, c'est un barème performant.Malheureusement, les demandeurs de logement en sont là, une course aux « points ».

Les occupants de logement insalubres n'en auront aucun. La Ville a décidé que ce n'était pas une priorité dans le mal-logement.

Les foyers en situation de sur-occupation en auront un seulement s'ils prouvent eux-même la sur-occupation : si leur propriétaire est un marchand de sommeil qui a gonflé arbitrairement la surface du logement, le Service Technique de l'Habitat ne sera pas compétent pour refaire des mesures et les attestations de travailleurs sociaux ne compteront pas, ni pour le DALO, ni pour la cotation. Les sans-domicile fixe devront apporter une domiciliation administrative comme preuve de leur errance : les associations soient surchargées et n'en délivrent pas assez , tant pis.


Paris 18ème: occupation du Point d'Accès au Droit par HLMPOURTOUS

 La discrimination, c'est à droit égal, traiter de manière différente des personnes ou des groupes de personnes. La discrimination dans l'accès au logement est une réalité de plus en plus criante à Paris.
Celles et ceux qui ont les moyens de payer les logements publics les plus chers, PLS ou logements intermédiaires y accèdent relativement facilement , puisqu'il y a une offre suffisante pour la demande. Ainsi, sur Loc'Annonces, ce mois-ci, un deux-pièces a 900 euros, inaccessible aux revenus modestes n'a que 9 candidatures. Un autre dans le même 15ème arrondissement, deux fois moins cher a déjà 190 postulants inscrits.

La gestion de la pénurie en logements vraiment sociaux est , à Paris, aussi ancienne que la pénurie elle-même.
Mais la cotation va encore plus loin dans l'inégalité, en déterminant arbitrairement des « priorités » globales qui valident concrètement le non-accès aux droits d'un grand nombre de mal-logés, dont la situation particulière n'est même plus examinée.

En instaurant non seulement des critères excluants, mais aussi une exigence sans cesse accrue de « preuves » impossibles à apporter, on éloigne de plus en plus de demandeurs de l'accès au logement mais aussi de la reconnaissance du mal-logement : et ce notamment dans les arrondissements les plus populaires de la capitale, où les travailleurs sociaux sont débordés, et dans l'incapacité de monter individuellement des dossiers qui puissent passer les filtres de la cotation.