mercredi 4 janvier 2017

Contre les grilles et les barrières, riverains solidaires et en colère

Nous étions une centaine aujourd'hui à la Direction de la Voirie et des Espaces Publics de la Ville de Paris. Riverains, mal-logés , en colère et solidaires nous avons manifesté toute l'après-midi contre les grilles anti-migrants installées sur nos trottoirs et nos rues. Nous restons déterminés à combattre ces pratiques honteuses et méprisables qui s'attaquent à tous les mal-logés, tous les Sans Domicile Fixe.
Personne ne doit dormir dehors dans une des villes les plus riches du monde.




Le communiqué de l'action: 

Riverains, mal-logés, en colère.
Contre les grilles et les barrières.

Habitants mal-logés des quartiers populaires de la capitale, c'est à la fois avec horreur et solidarité que nous avons vu se multiplier les campements dans nos rues. Et les expulsions, puis de nouveau les campements.

Nous avons vu des centaines, des milliers, de femmes, d'hommes, de jeunes , d'enfants survivre au milieu des rats, des ordures, sous une chaleur intolérable, puis dans le froid. Pour beaucoup, nous avons aidé comme nous avons pu , parce que, nous aussi nous sommes dans le mal-logement.

Aujourd'hui, non seulement, des grilles , des barrières et des vigiles se multiplient dans nos quartiers, mais il nous faut en plus supporter que nos élus viennent prétendre que c'est dans notre intérêt que l'on barricade le moindre espace de trottoir sur nos avenues. Le maire du 19ème a évoqué les « riverains » pour justifier les grilles sur l'avenue de Flandres et à Stalingrad.

Nous sommes riverains.

Riverains de misère de ceux à qui on voudrait nous opposer, mais dont nous connaissons trop bien la situation.

Faut-il rappeler que le SAMU Social ne répond à Paris qu'à 30 % des demandes ? Les familles et les isolés qui errent dans les rues , le jour et la nuit sont migrants ou pas, mais tous privés de leur droit le plus basique, celui d'un simple hébergement. Sur les avenues du 19ème arrondissement, du 10ème ou du 18ème arrondissement, , des gens dorment dehors ou errent toute la journée en attendant un hypothétique hébergement nocturne, et ce depuis des années. Et les espaces publics sont aussi la seule pièce en plus, la seule intimité dont peuvent bénéficier toutes celles et ceux d'entre nous qui vivent dans des logements sur-occupés, ou sont hébergés par des tiers chez qui il faut apprendre à rester discret.

Les grilles, les barrières, les bancs qu'on retire, les parcs qu'on ferme pénalisent encore plus les Parisiens mal-logés. Et la manipulation consistant à prétendre qu'ils sont là pour nous protéger des « migrants » est insupportable.

 Nous ne prendrons pas comme bouc émissaires ceux qui vivent la même chose et pire que nous.

Qu'on ne vienne pas nous dire que la Ville de Paris fait tout ce qu'elle peut pour les migrants, les SDF et les mal-logés, et qu'elle n'a pas les moyens de faire plus.
Quand on va jusqu'à installer des cabanes en bois pour un marché de Noël fantôme, ou des jeux pour enfants...sur le trottoir d'une avenue ultra-fréquentée par les voitures en pleins pics de pollution, c'est qu'on a de l'argent à dépenser. Et ni les dizaines d'expulsions de campement, ni les fausses solutions, comme une ou deux nuits d'hôtel payées pour faire disparaître les bidonvilles quelques jours ne sont gratuites.

Quand on peut dépenser de l'argent public pour chasser les gens, on peut le dépenser pour respecter leurs droits.
Et quand on ne respecte pas les droits des migrants, on ne respecte pas ceux des autres mal-logés.
Il y dix ans, la Ville de Paris prenait la décision d'exclure les familles sans-papiers du financement de l'hébergement sur les fonds municipaux, et les rejetait vers le SAMU Social , soit-disant « pour désengorger le dispositif ». Quelques années plus tard, cette exclusion a été étendue à toutes les familles parisiennes sans domicile fixe, et c'est à cause de cela qu'aujourd'hui, elles sont baladées d'un bout à l'autre de l'Ile de France, dans des hôtels hors de prix, alors qu'elles ont droit à avoir un logement et à payer un loyer décent, comme tout le monde.

Nous occupons aujourd'hui la Direction de la Voirie et des Déplacements pour exiger le minimum, du minimum, le retrait immédiat de toutes les barrières et les grilles qui interdisent l'espace public à tout le monde.
Dans une des villes les plus riches du monde, personne ne doit dormir dehors, personne. 

Un article du Parisien sur notre action en lien ici