Personne ne doit dormir dehors dans une des villes les plus riches du monde.
Le communiqué de l'action:
Riverains,
mal-logés, en colère.
Contre
les grilles et les barrières.
Habitants mal-logés
des quartiers populaires de la capitale, c'est à la fois avec
horreur et solidarité que nous avons vu se multiplier les campements
dans nos rues. Et les expulsions, puis de nouveau les campements.
Nous avons vu des
centaines, des milliers, de femmes, d'hommes, de jeunes , d'enfants
survivre au milieu des rats, des ordures, sous une chaleur
intolérable, puis dans le froid. Pour beaucoup, nous avons aidé
comme nous avons pu , parce que, nous aussi nous sommes dans le
mal-logement.
Aujourd'hui, non
seulement, des grilles , des barrières et des vigiles se multiplient
dans nos quartiers, mais il nous faut en plus supporter que nos élus
viennent prétendre que c'est dans notre intérêt que l'on barricade
le moindre espace de trottoir sur nos avenues. Le maire du 19ème a
évoqué les « riverains » pour justifier les grilles sur
l'avenue de Flandres et à Stalingrad.
Nous sommes riverains.
Riverains de misère de
ceux à qui on voudrait nous opposer, mais dont nous connaissons trop
bien la situation.
Faut-il rappeler que le
SAMU Social ne répond à Paris qu'à 30 % des demandes ?
Les familles et les isolés qui errent dans les rues , le jour et la
nuit sont migrants ou pas, mais tous privés de leur droit le plus
basique, celui d'un simple hébergement. Sur les avenues du 19ème
arrondissement, du 10ème ou du 18ème arrondissement, , des gens
dorment dehors ou errent toute la journée en attendant un
hypothétique hébergement nocturne, et ce depuis des années. Et les
espaces publics sont aussi la seule pièce en plus, la seule intimité
dont peuvent bénéficier toutes celles et ceux d'entre nous qui
vivent dans des logements sur-occupés, ou sont hébergés par des
tiers chez qui il faut apprendre à rester discret.
Les grilles, les
barrières, les bancs qu'on retire, les parcs qu'on ferme pénalisent
encore plus les Parisiens mal-logés. Et la manipulation consistant à
prétendre qu'ils sont là pour nous protéger des « migrants »
est insupportable.
Nous ne prendrons pas comme bouc émissaires ceux
qui vivent la même chose et pire que nous.
Qu'on ne vienne pas
nous dire que la Ville de Paris fait tout ce qu'elle peut pour les
migrants, les SDF et les mal-logés, et qu'elle n'a pas les moyens de
faire plus.
Quand on va jusqu'à
installer des cabanes en bois pour un marché de Noël fantôme, ou
des jeux pour enfants...sur le trottoir d'une avenue ultra-fréquentée
par les voitures en pleins pics de pollution, c'est qu'on a de
l'argent à dépenser. Et ni les dizaines d'expulsions de campement,
ni les fausses solutions, comme une ou deux nuits d'hôtel payées
pour faire disparaître les bidonvilles quelques jours ne sont
gratuites.
Quand on peut dépenser
de l'argent public pour chasser les gens, on peut le dépenser pour
respecter leurs droits.
Et quand on ne respecte
pas les droits des migrants, on ne respecte pas ceux des autres
mal-logés.
Il y dix ans, la Ville
de Paris prenait la décision d'exclure les familles sans-papiers du
financement de l'hébergement sur les fonds municipaux, et les
rejetait vers le SAMU Social , soit-disant « pour désengorger
le dispositif ». Quelques années plus tard, cette exclusion a
été étendue à toutes les familles parisiennes sans domicile fixe,
et c'est à cause de cela qu'aujourd'hui, elles sont baladées d'un
bout à l'autre de l'Ile de France, dans des hôtels hors de prix,
alors qu'elles ont droit à avoir un logement et à payer un loyer
décent, comme tout le monde.
Nous occupons
aujourd'hui la Direction de la Voirie et des Déplacements pour
exiger le minimum, du minimum, le retrait immédiat de toutes les
barrières et les grilles qui interdisent l'espace public à tout le
monde.
Dans une des villes les
plus riches du monde, personne ne doit dormir dehors, personne.
Un article du Parisien sur notre action en lien ici