Ce 4 février l'adjoint au Logement de la Ville de Paris entamait sa campagne électorale pour un siège de député. Les mal-logés parisiens continuent la leur pour l'accès à leurs droits fondamentaux, et ont accueilli Ian Brossat avec leur colère à l'entrée de son meeting.
Ian Brossat écoutera-t-il nos revendications ? En tout cas, aujourd'hui il a dû les entendre.
En 2009,
il y avait 115 800 demandeurs de logement à Paris. En 2016, il y en
a 219 000 dont 128 600 Parisiens. On peut tourner les chiffres dans
tous les sens, mais une réalité est certaine : le nombre des
seuls demandeurs justifiant d'une adresse sur Paris excède
aujourd'hui celui de l'ensemble des demandeurs il y a huit ans.
Globalement le nombre de foyers en attente d'un logement social a
doublé.
Ian
Brossat, adjoint au Logement depuis deux ans, ne cite jamais ces
chiffres là. Il supporte très mal que les organisations de
mal-logés en fassent état. Il est pourtant normal que les premiers
concernés, en attente d'un logement social prennent en compte leur
nombre en croissance constante pour apprécier l'efficacité de la
politique du logement social à Paris.
Comment
pourrions nous nous contenter des chiffres de la « production »
de nouveaux logements sociaux toujours en hausse , selon la mairie ?
Nous savons par expérience ce que recouvre cette réalité :
nous sommes 70 % des demandeurs à avoir besoin d'un PLA-I, un
logement très social. Entre 2001 et 2015, un quart seulement des
nouveaux logements étaient des PLA-I. Moins de 10 % des
demandeurs peuvent accéder aux PLS, les plus chers des logements
sociaux , ceux-ci ont constitué un tiers de la production dans
la même période.
Pour
accéder au droit fondamental qu'est l'accès à un logement décent,
nous avons besoin que cette politique change, nous avons besoin de
vrais logements sociaux en masse. En tout, Paris ne compte que
20 % de logements sociaux, PLS inclus. Cette exigence n'a donc
rien d'impossible, rien d'irréalisable. Elle permettrait aux
Franciliens modestes qui vivent à Paris, ou viennent y travailler
avec des temps de transport insupportables au quotidien de vivre
normalement.
Aujourd'hui
Ian Brossat se présente pour devenir député. Il se présente
justement comme le défenseur des Franciliens modestes.
S'il veut
être cru, il doit d'abord les prendre en compte, et ne pas se cacher
derrière la fameuse « cotation » de la demande qui
permettrait de garantir la transparence et l'égalité. La cotation
parisienne contrairement à celles d'autres villes exclut une partie
importante des mal-logés : les victimes de l'insalubrité, les
propriétaires occupants, les hébergés précaires chez des tiers
qui peuvent finir à la rue à tout moment. Ce qui est
« transparent » là-dedans, c'est que la mairie a choisi
d'ignorer certains problèmes parmi les plus criants du mal-logement
à Paris.
Nous ne
l'acceptons pas, parce qu'il en va de nos vies démolies par le
mal-logement. Paris est une ville riche qui propose des loyers
sociaux aux entrepreneurs et crée sans cesse des dispositifs d'aide
aux bailleurs privés. Nous sommes aussi Parisiens qu'un investisseur
immobilier ou qu'un chef d'entreprise.
Nous
sommes venus le dire collectivement à Ian Brossat, à l'occasion de
ce repas fraternel, puisqu'à l'hôtel de Ville, la porte nous est
fermée depuis des mois.Tant qu'il y aura des mal-logés à Paris, il
y aura des luttes de mal-logés. Et aucun élu ne pourra jamais dire
que le maximum est fait à Paris en matière de droit au logement,
tant que nous serons des centaines de milliers à ne pas voir nos
droits minimum respectés.