Une soixantaine de demandeurs de logement a occupé ce mercredi 25 mai les locaux de Grand Paris Habitat, pour exiger enfin une vraie politique de logement social pour les cinq années à venir.
Le précédent
quinquennat aura été celui du logement intermédiaire. Pour l'Etat, pour les collectivités et
surtout pour les bailleurs sociaux, autorisés par la loi Macron a
créer des filiales spécialement dédiées à ces logements aux
loyers à peine inférieurs de 15 % à ceux du marché. En 2014,
le président François Hollande lançait un plan de financement
inédit , dont le pilotage a été confié au premier bailleur public
français, la SNI ( Société Nationale Immobilière) : 35 000logements intermédiaires sont ainsi programmés d'ici 2020 dans les
zones tendues.
Le précédent
quinquennat n'aura pas été
celui du logement social : malgré des chiffres de
construction en hausse annoncés triomphalement les deux dernières
années, la production réelle de logement très social n'aura pas
dépassé celle du précédent quinquennat.
Le mal-logement est donc
devenu le quotidien très durable de millions de gens. Les files
d'attente pour un logement social n'ont cessé de s'allonger, et
beaucoup de foyers des catégories populaires ne sont même plus
comptées dans les dossiers en attente, tout simplement parce qu'ils
ne demandent plus de HLM , persuadés de ne jamais en obtenir.
La sous-location
contrainte, l'errance urbaine perpétuelle, la cohabitation forcée
de plusieurs générations dans un logement trop petit, l'endettement
pour devenir propriétaire ou même pouvoir continuer à payer son
loyer sont devenues une norme et ne font plus scandale.
Pire, le fatalisme s'est
installé : tout le monde , à commencer par les bailleurs ne
fait que répéter aux premiers concernés que le droit au logement
de tous ne peut tous simplement pas être respecté dans un des pays
les plus riches du monde.
Avec ou sans Ministère
du Logement, la situation restera la même tant que la volonté
politique et économique déployée pour d'autres types de logements
ne sera pas mise en œuvre pour le logement social, seul à même de
répondre aux besoins des revenus modestes.
Et c'est encore plus vrai
dans le cadre du Grand Paris : la SNI a unifié ses sociétés
EFIDIS et OSICA dans une seule structure, Grand Paris Habitat ,
censée répondre plus efficacement aux besoins en logement social .
Grand Paris Habitat a ensuite absorbé de nombreux organismes HLM
municipaux franciliens.
Grand Paris Habitat est
donc un des leviers centraux de la politique du logement dans notre
région : ses choix définiront l'avenir des franciliens
mal-logés dans les prochaines années, non seulement en nombre de
logements construits , mais aussi en matière de localisation de ces
logements sociaux : aujourd'hui, on construit peu de logement
très social à Paris et en petite couronne, et dans la « ville
intelligente » promise par les décideurs, des centaines de
milliers de personnes des catégories populaires n'ont le choix
qu'entre le mal-logement dans les zones riches en emploi et en
équipements collectif ou un relogement dans des zones délaissées
des pouvoirs publics.
Parce que le pouvoir de
remédier au mal-logement se situe aujourd'hui au moins autant chez
de grands opérateurs comme Grand Paris Habitat que dans les
Ministères, nous sommes venus aujourd'hui manifester pour qu'enfin,
ce quinquennat soit celui du respect de nos droits fondamentaux.