mercredi 7 juin 2017

Les mal-logés s'invitent chez Grand Paris Amenagement




Le mal-logement ne disparaît pas lorsqu'on fait comme s'il n'existait pas. La question du logement n'a pas disparu parce que Richard Ferrand ne la pose pas. Soixante dix mal-logés l'ont prouvé ce vendredi 7 juin en occupant Grand Paris Aménagement jusqu'à obtention d'un rendez-vous au Ministère. 

Depuis la nomination du nouveau gouvernement, pourtant, on dirait que les problèmes de logement qui touchent des millions de personnes, notamment en Ile de France , se sont évaporés.

Demandeurs de logement, nous sommes venus faire du bruit à Grand Paris Aménagement : une structure co-gérée par l'Etat et les collectivités territoriales qui a finalement autant de pouvoir concret qu'un Ministère.

On pouvait éventuellement se passer d'un Ministère du Logement, si la question était prise en compte immédiatement par Richard Ferrand, dans le cadre de ses larges compétences. Mais à part l'annonce de « rencontres » avec les « acteurs du logement », il ne se passe rien même sur le site du Ministère de la Cohésion du Territoire. La seule actualité sur le sujet est malheureusement très négative : le mouvement d'Emmanuel Macron, LREM a choisi de maintenir une candidate qui louait du taudis à prix d'or en Seine Saint Denis.

Nous ne nous y trompons pas : la manière de faire du nouveau gouvernement ne sort pas de nulle part. Petit à petit, la question du logement est devenue totalement annexe dans le discours des politiques, qui l'ont oubliéeou réduite à presque rien pendant la campagne présidentielle.
Aujourd'hui, en Ile de France, où le Grand Paris se met en place, on parle «  aménagement du territoire », « ville intelligente », « mobilité » , Jeux Olympiques 2024, nouveaux éco-quartiers, logement intermédiaire, immobilier privé.....mais très peu du mal-logement endémique qui ravage notre région.

La loi SRU a vingt ans, elle n'est pas respectée. La Loi DALO a dix ans : mais 55 000 foyers reconnus prioritaires ne sont pas relogés, tandis que la Cour des Comptes dénonce le dévoiement de la loi, et la manière dont elle est devenue une machine à nier le mal-logement, en excluant de plus en plus de mal-logés. Il y a dix ans , on nous présentait cette loi comme le moyen de reloger plus vite les « dossiers les plus urgents », aujourd'hui elle sert surtout à décourager : le nombre de recours est en baisse.


Plus rien ne semble mobiliser les pouvoirs publics : les incendies de taudis, les morts de la rue par centaines, le SAMU social qui ne répond plus , les indicateurs de la sur-occupation des logements comme les nouvelles pratiques des marchands de sommeil, le surendettement des ménages à cause du coût du logement, toutes ces catastrophes sociales ne déclenchent aucun plan d'urgence.

Le mal-logement devient une banalité, et nous sommes finalement sommés de faire avec.

Nous refusons l'invisibilisation sociale : nous ne serons pas les oubliés du Grand Paris qui s'affiche ultra-moderne, écologique, et connecté sur les images de promotion des Ministères et des aménageurs publics, mais qui est un cauchemar pour des millions de Franciliens.

Le 21ème siècle pour les uns, le 19ème pour les autres , ce n'est pas tolérable. Des métropoles en marche à deux vitesses, celle des tours de bureaux d'un côté, des taudis de l'autre, nous n'en voulons pas.