Le mal-logement ne
disparaît pas lorsqu'on fait comme s'il n'existait pas. La question du logement n'a pas disparu parce
que Richard Ferrand ne la pose pas. Soixante dix mal-logés l'ont prouvé ce vendredi 7 juin en occupant Grand Paris Aménagement jusqu'à obtention d'un rendez-vous au Ministère.
Depuis la nomination du
nouveau gouvernement, pourtant, on dirait que les problèmes de
logement qui touchent des millions de personnes, notamment en Ile de
France , se sont évaporés.
Demandeurs de logement,
nous sommes venus faire du bruit à Grand Paris Aménagement :
une structure co-gérée par l'Etat et les collectivités
territoriales qui a finalement autant de pouvoir concret qu'un
Ministère.
On pouvait éventuellement
se passer d'un Ministère du Logement, si la question était prise en
compte immédiatement par Richard Ferrand, dans le cadre de ses
larges compétences. Mais à part l'annonce de « rencontres »
avec les « acteurs du logement », il ne se passe rien
même sur le site du Ministère de la Cohésion du Territoire. La
seule actualité sur le sujet est malheureusement très négative :
le mouvement d'Emmanuel Macron, LREM a choisi de maintenir une
candidate qui louait du taudis à prix d'or en Seine Saint Denis.
Nous ne nous y trompons
pas : la manière de faire du nouveau gouvernement ne sort pas
de nulle part. Petit à petit, la question du logement est devenue
totalement annexe dans le discours des politiques, qui l'ont oubliéeou réduite à presque rien pendant la campagne présidentielle.
Aujourd'hui, en Ile de
France, où le Grand Paris se met en place, on parle «
aménagement du territoire », « ville intelligente »,
« mobilité » , Jeux Olympiques 2024, nouveaux
éco-quartiers, logement intermédiaire, immobilier privé.....mais
très peu du mal-logement endémique qui ravage notre région.
La
loi SRU a vingt ans, elle n'est pas respectée. La Loi DALO a dix
ans : mais 55 000 foyers reconnus prioritaires ne sont pas
relogés, tandis que la Cour des Comptes dénonce le dévoiement de
la loi, et la manière dont elle est devenue une machine à nier le
mal-logement, en excluant de plus en plus de mal-logés. Il y a dix
ans , on nous présentait cette loi comme le moyen de reloger plus
vite les « dossiers les plus urgents », aujourd'hui elle
sert surtout à décourager : le nombre de recours est en
baisse.
Plus rien ne semble
mobiliser les pouvoirs publics : les incendies de taudis, les
morts de la rue par centaines, le SAMU social qui ne répond plus ,
les indicateurs de la sur-occupation des logements comme les
nouvelles pratiques des marchands de sommeil, le surendettement des
ménages à cause du coût du logement, toutes ces catastrophes
sociales ne déclenchent aucun plan d'urgence.
Le
mal-logement devient une banalité, et nous sommes finalement sommés
de faire avec.
Nous refusons
l'invisibilisation sociale : nous ne serons pas les oubliés du
Grand Paris qui s'affiche ultra-moderne, écologique, et connecté
sur les images de promotion des Ministères et des aménageurs
publics, mais qui est un cauchemar pour des millions de Franciliens.
Le 21ème siècle pour
les uns, le 19ème pour les autres , ce n'est pas tolérable. Des
métropoles en marche à deux vitesses, celle des tours de bureaux
d'un côté, des taudis de l'autre, nous n'en voulons pas.