Nous n'avons pas attendu une nouvelle loi logement pour interpeller directement le Secrétaire d'Etat à la Cohésion des Territoires, Julien Denormandie en visite dans le 19ème arrondissement: celui-ci nous a reçu lors d'une manifestation déterminée.
«
Remettre à plat les politiques du logement », c'est l'élément
de langage très employé ces derniers jours avant l'annonce du
contenu d'une réforme sur le sujet.
Depuis le
mois de mai, c'est surtout le budget consacré au logement qui a été
mis à plat : la baisse annoncée des APL comme l'amputation de
180 millions d'euros de crédits pour de nouveaux logements sociaux
aggravent à très court terme une situation déjà intenable. De
même que la baisse des crédits de la politique de la Ville, ou la
suppression pure et simple de contrats aidés , déjà très
précaires, sans aucune solution de remplacement. Ces suppressions
impacteront aussi les services publics dont ont besoin les mal-logés,
notamment ceux vers lesquels ils doivent se tourner pour l'accès à
tous leurs droits, puisque depuis des années déjà , l'accueil y
est souvent assuré par des personnes en contrat précaire.
Le
gouvernement ose dire que la politique du logement coûte cher et ne
donne pas de résultats...mais s'attaque aux derniers droits des
mal-logés : le logement vraiment social et les allocations
logement.
Le nombre
trop faible de vrais logements sociaux au regard des besoins, voilà
un des problèmes des politiques du logement de ces dernières
années. Tailler dans ce budget, c'est aggraver les conséquences des
politiques existantes. Quant aux allocations logement, leur
plafonnement en fait un complément très insuffisant au regard des
loyers en zone tendue, un dernier filet de sécurité très mince ,
qui évite juste une partie des impayés par nécessité .
Pour le
moment « la remise à plat » ressemble surtout à de la
continuité : les mesures déjà prises contribueront à rendre
toujours plus lointain le respect du droit fondamental au logement.
La France restera ce pays où des centaines de personnes meurent dans
la rue chaque année, où dormir dans sa voiture en travaillant est
monnaie courante, où la part du budget logement des personnes aux
revenus modestes dévore une grande partie de leurs ressources déjà
limitées.
En
réalité, il y a de moins en moins de politiques publiques du
logement, et de plus en plus de politiques de l'immobilier, qui font
la fortune des grands investisseurs du secteur et dont l'évaluation
jamais faite est pourtant très simple : les grands
propriétaires de bureaux ou de logement se portent très bien, les
locataires comme les propriétaires occupants, de plus en plus mal.
Les
millions de personnes concernées par toutes les formes de
mal-logement n'ont aucune raison d'accepter ça dans un pays riche.
Si les
choix du nouveau Président et de sa majorité sont finalement sans
surprise, malgré toute la communication qui tente de les faire
passer pour novateurs, sans surprise non plus, les luttes pour le
logement continueront.