Depuis des semaines, le
gouvernement et les bailleurs sociaux s'affrontent sur le sujet de
la baisse de l'APL et du niveau des loyers. Dans cette affaire, tout
le monde prétend défendre les locataires et les mal-logés. Mais
dans ce débat piégé, les premiers concernés sont surtout les
dindons de la farce.
Il n'y a évidemment
aucune nécessité de baisser les allocations logement : si le
gouvernement veut faire des économies , qu'il aille plutôt regarder
du côté des budgets consacrés à l'aide à l'investissement
immobilier privé dont les résultats catastrophiques en terme
d'arnaques immobilières et de logements inutiles ont récemment été
mis en lumière. Mais la question du niveau des loyers dans le
logement dit social n'est pas un détail, elle est au centre des
causes du mal-logement d'une partie de la population.
Nous avons par exemple manifesté
aujourd'hui devant le siège de la RIVP, deuxième bailleur social de
la Ville de Paris : sur plus de 50 000 logements, la RIVP ne
propose que 1400 logements
très sociaux, contre 15 000 PLS, aux loyers les plus
chers du logement social, et presque 4000
PLI bien au dessus des plafonds de ressources HLM.
En résumé, les
logements correspondant aux revenus de ceux qui ne peuvent pas se
loger dans le privé du tout constituent une minorité du parc du
bailleur social : si la situation est ancienne, la RIVP continue
chaque année à construire plus de PLS que de logements très
sociaux !
Dans ces conditions,
l'accès des catégories populaires au parc social se restreint sans
cesse : une grande partie des logements neufs sont inaccessibles
aux salariés modestes, aux familles monoparentales, aux retraités,
aux précaires....Dans le même temps, de nombreux locataires du parc
social sont bloqués dans des logements trop petits car aucun
logement adapté à leur composition familiale et à leurs ressources
n'est disponible.
La baisse des loyers dans
le logement dit social est donc une vraie question et une vraie
solution à la question du mal-logement : les bailleurs sociaux
qui prétendent ne pas vouloir en entendre parler au nom de la
défense des « plus fragiles » se moquent du monde. Sous
couvert de mixité sociale, il y a bien longtemps qu'ils excluent de
fait une majorité des demandeurs de logement à bas revenus.
Mais la baisse de l'APL
n'y changera rien : elle frappera d'abord les locataires les
plus pauvres dans le secteur privé. Dans le même temps, le
gouvernement a supprimé plus de 180
millions d'euros de crédit pour construire du logement
social, soit l'équivalent de
12 000 logements très sociaux.
En réalité, les grands
bailleurs sociaux et le gouvernement sont donc en accord sur la
destruction progressive du vrai logement social : d'ailleurs, à
voir la « diversification » des activités de la RIVP, on
se rend vite compte que les bailleurs sociaux deviennent des
propriétaires comme les autres.
La capitale manque
cruellement de logements sociaux, et le manque de foncier comme de
moyens financiers est toujours invoqué par les élus parisiens pour
justifier l'augmentation exponentielle du nombre de demandeurs de HLM
dont les droits sont bafoués ( 220
000 en 2016 ) : mais la RIVP gère aujourd'hui un
parc flambant neuf de 153 000 m2 d'hôtels d'entreprise et autres
incubateurs de start up. Pour avoir occupé certains d'entre eux et
dénoncé une politique qui accorde aux entreprises ce qu'on
n'accorde pas aux mal-logés dans le besoin, notre collectif est
« puni » par la direction de la RIVP , qui refuse
tout dialogue social, car nos « méthodes » ne lui
plaisent pas.
Malheureusement, la lutte
est bien le seul moyen de faire respecter nos droits élémentaires
que ça plaise ou non à Mme Calandra, maire du 20ème arrondissement
et présidente de la RIVP : nous ne nous laisserons voler ni nos
APL, ni nos logements sociaux, ni notre droit au logement.