Depuis cet été, et
l'annonce de la baisse de l'APL par le gouvernement, puis celle d'une
baisse des loyers du logement social censée la compenser, le
Ministère de la Cohésion des Territoires et les bailleurs sociaux
s'affrontent de manière inédite.
Toutes les parties
prenantes revendiquent la défense des mal-logés et des locataires
HLM. Après une campagne présidentielle marquée par une
indifférence médiatique et politique globale sur la question du
logement, celle-ci est en apparence revenue au cœur des
préoccupations.
En apparence, seulement.
Ce qui risque de sortir de cette guerre entre décisionnaires sur le
logement, c'est une aggravation immédiate de la situation des
millions de personnes concernées.
Si la baisse de l'APL est
entérinée, elle touchera les locataires les plus modestes du parc
privé. Mais elle n'épargnera pas les
locataires du logement social : il pourra par exemple s'écouler
des mois entre le moment où une partie de l'APL sera retirée aux
locataires , et celui où les bailleurs sociaux seront réellement
contraints d'appliquer la baisse des loyers. L'attaque contre l'APL
est donc inacceptable pour tous.
Mais la stratégie des
bailleurs sociaux l'est tout autant, et elle doit être dénoncée :
tous prétendent défendre les mal-logés et les locataires. Mais
tous ont aussi décidé de compenser la baisse de leurs ressources en
s'en prenant aux mal-logés et aux locataires.
Étrangement, ce courrier
n'a pas été envoyé aux entreprises qui bénéficient de bureaux et
de locaux à des loyers bien inférieurs à ceux du marché dans les
innombrables incubateurs construits et financés par la Ville et ses
bailleurs : la seule RIVP revendique ainsi 153 000 m2 réservés
aux entreprises et notamment aux start-up. Ce budget là ne sera pas
touché par la ruine annoncée. Bien au contraire de nouveaux
incubateurs sont programmés un peu partout sur le territoire
parisien.
Ian Brossat et Anne
Hidalgo n'ont pas non plus annoncé d'économies sur les programmes
de subventionnement des propriétaires bailleurs privés, par
exemple, à travers le dispositif Multiloc.
Et les JO sont toujours programmés dans la capitale: si la Ville a suffisamment de finances pour construire des équipements olympiques, elle a en assez aussi pour alimenter le budget des bailleurs sociaux.
Et les JO sont toujours programmés dans la capitale: si la Ville a suffisamment de finances pour construire des équipements olympiques, elle a en assez aussi pour alimenter le budget des bailleurs sociaux.
Par principe donc, ce
sont les plus modestes des Parisiens qui devront payer la facture des
affrontements entre le gouvernement , les élus locaux, et les
bailleurs sociaux. Qu'ils soient locataires du privé et perdants sur
l'APL, demandeurs de logement condamnés à subir le blocage
arbitraire de la production, ou locataires du parc social privés de
rénovations de leur logement dégradé.
Et c'est avec une rare
indécence qu'Anne Hidalgo et Ian Brossat après les avoir informés
qu'ils les priveraient de leur droit fondamental à un logement
décent, osent leur demander de se mobiliser à leur côté.
La réponse est toute
simple : la mobilisation pour le droit au logement de tous se
fera en toute indépendance contre toutes celles et ceux qui le
remettent en cause.