samedi 14 octobre 2017

Mal-logement à Paris : à mi-mandat, état d'urgence sociale.

 Anne Hidalgo et Ian Brossat sont tellement mal à l'aise avec leur bilan sur le mal-logement qu'il est désormais impossible de manifester , même à l'extérieur du Pavillon de l'Arsenal où se tenait le compte-rendu de mi-mandat 2017 : les mal-logés présents ont été repoussés et encagés par les CRS. Par contre , les "opposants"  dénonçant les marchés populaires comme celui de Chateau-Rouge ont pu eux s'exprimer en toute liberté. 

Malgré tout, on ne nous aura pas fait taire, et la communication des élus de la Ville ne sera pas parvenue à rendre invisibles les 220 000 dossiers de demande de logement social non satisfaites, et le mal-logement qui va avec. 

« Des logements accessibles à tous », c'est ainsi qu'à mi-mandat, la maire de Paris qualifie son bilan.

Si nous étions là, pour la présentation de ce bilan au Pavillon de l'Arsenal,  c'est parce que le logement, même social, à Paris, ne nous est pas accessible. C'est le cas pour un nombre croissant de Parisiens, et tous les indicateurs le démontrent : plus particulièrement, celui de l'augmentation permanente du nombre de dossiers en attente sur les files du logement social. 220 000 en 2016. Dans la file d'attente, tous ne sont pas à égalité. Anne Hidalgo dans son bilan chiffré, met en avant la production de 7000 « logements sociaux » par an. Elle évoque aussi le système de cotation , et ses « 25 critères objectifs » qui permettraient de sélectionner les demandeurs en toute équité.

Mais c'est un bilan en trompe l'oeil. L'étiquette logement social s'applique à des niveaux de loyer très différents. Sur Loc'Annonces, les loyers des deux pièces proposés ce mois ci vont de 450 à 850 euros, du simple au double. Pour les 4 pièces , de 900 à 1400 euros. Les logements aux loyers les moins chers, (PLA-I) génèrent un nombre de candidatures parfois jusqu'à dix fois plus important que les logements les plus chers, les PLS. Dans la file d'attente du logement social parisien, la proportion de foyers dont les niveaux de ressources correspondent à ceux du PLS est tombée à 10 % . Dans le même temps, la proportion de nouveaux logements en PLS reste très importante, plus d'un tiers. De plus, les logements très sociaux sont ceux dont les locataires ne partiront pas, parce qu'ils n'ont ni les moyens de louer dans le privé, ni ceux d'acheter.


Notre problème de mal-logés avec des bas revenus n'est pas la mixité sociale dans les HLM. Nous ne sommes pas en concurrence avec les « classes moyennes » qui , elles aussi, ne peuvent pas se loger décemment à Paris. Nous nous battons pour l'accès de tous au logement.

Mais ce n'est pas la réalité de la politique parisienne. Aujourd'hui, le premier critère de non-accès au logement social ne figure pas dans la cotation , et il s'agit tout simplement de ressources trop faibles pour les des loyers des logements qui se libèrent et passent en commission. Le 13 octobre, lors d'un rendez-vous avec le cabinet Brossat et la direction générale de la RIVP, deuxième bailleur social parisien, celle-ci nous l'a répété à propos de dossiers pourtant « prioritaires » selon les critères de la Ville : le « sujet » ce sont les « ressources trop faibles pour les logements disponibles ».

Pour que cela change, l'investissement public , celui de l'Etat mais aussi de la mairie doit correspondre aux besoins en logement très social. Sans quoi le droit au logement restera un vœu pieux.

Nous n'entendrons jamais les arguments d'Anne Hidalgo, qui répète encore et toujours que la politique du logement à Paris mobilise déjà plus de moyens qu'ailleurs. Dans une capitale qui se paie le luxe des Jeux Olympiques, et qui en a les moyens financiers, rien ne peut s'opposer à ce que la question du mal-logement, vitale, ne soit pas traitée en urgence, avec tous les moyens nécessaires.

A mi-mandat, alors que le nombre de mal-logés et de demandeurs de logement n'a cessé d'augmenter , nous manifestons , parce qu'il n'y pas de bilan « globalement positif » qui tienne , mais la catastrophe sociale du mal-logement dans la capitale. Un catastrophe et un déni de droits permanents qui doit cesser, maintenant.

Un logement pour tous , tout de suite, c'est possible et c'est urgent.