Dernier jour à la mairie du 10ème arrondissement pour Rémi Feraud qui s'en va rejoindre le Sénat, et premières heures d'exercice pour Alexandra Cordebard qui lui succède: à mi-mandat , la nouvelle maire fera-t-elle ce que l'ancien n'a pas fait, prendre le problème du mal-logement au sérieux , et en urgence ?
Rien de moins sûr, puisque qu'une nouvelle fois , la porte de la mairie est restée fermée pour les mal-logés qui manifestaient cet après-midi.
Le maire du 10ème arrondissement fut
l'un des directeurs de campagne d'Anne Hidalgo, lors des municipales de 2014. Trois ans après, Rémi Feraud est content de son bilan
et de celui de la maire, notamment en matière de logement.
Les demandeurs de logement social, eux,
n'ont aucune raison de se réjouir. Les dossiers en attente sont 220
000 à Paris, contre la moitié il y a dix ans. Les élus et les
bailleurs parisiens persistent à fixer des niveaux de loyer trop
chers au sein même du logement social neuf : plus du tiers de
la production reste du PLS , avec des loyers inaccessibles à 90 %
des demandeurs de logement inscrits. Les loyers adaptés aux
Parisiens modestes restent principalement localisés dans le
parc ancien, où les locataires restent , pour une très bonne
raison : l'encadrement des loyers, tant vanté par la
municipalité est arrivé bien trop tard. Encadrés ou pas, dans le
privé, les loyers sont à un niveau insupportable pour les
catégories populaires qui ne peuvent pas non plus accéder à la
propriété.
ll y a moins d'hôtels meublés insalubres dans l'arrondissement : mais cela ne signifie pas que beaucoup de familles du 10ème dont les enfants sont à l'école ici ne subissent plus l'enfer de l'hôtel. Elles ont été transférées vers le SAMU Social, qui les héberge dans des hôtels de banlieue : à l'enfer de l'hébergement trop petit et sans intimité, s'est ajouté celui des temps de transports interminables et de l'errance urbaine.
Des résidences sociales
ont été construites : de l'extérieur, elles ressemblent à
des logements ordinaires tout neufs. En réalité, ce sont des foyers
un peu améliorés, avec des pièces très petites, un bail très
précaire et un règlement intérieur très intrusif. Elles étaient
censées être une « passerelle » vers un relogement
normal. Mais la passerelle est devenu un tunnel sans fin :
beaucoup de résidents arrivent au terme de trois ans d'hébergement
et du bail précaire sans aucune proposition de vrai logement.ll y a moins d'hôtels meublés insalubres dans l'arrondissement : mais cela ne signifie pas que beaucoup de familles du 10ème dont les enfants sont à l'école ici ne subissent plus l'enfer de l'hôtel. Elles ont été transférées vers le SAMU Social, qui les héberge dans des hôtels de banlieue : à l'enfer de l'hébergement trop petit et sans intimité, s'est ajouté celui des temps de transports interminables et de l'errance urbaine.
Quant au « nouveau »
parc social du 10ème arrondissement, il est en partie composé
d'anciens logements privés rachetés et « réhabilités » :
on a abattu des murs , fait des escaliers intérieurs et assemblé
des chambres de bonnes pour en faire des logements sociaux. Si l'idée
est bonne sur le papier, dans le réel, elle aboutit souvent à des
appartements mal aérés et peu fonctionnels : mais même dans
des foyers où une situation de handicap ne permet plus aux personnes
d'accéder à l'intégralité des pièces de leur logement, les
demandes de mutation n'aboutissent pas.
Comme Anne Hidalgo, Rémi
Féraud , a pratiqué la politique de la porte fermée face aux
mal-logés parisiens en lutte : pour nos élus, se battre pour
nos droits, c'est inacceptable. Pendant ces trois années, le maire,
non seulement a toujours refusé de recevoir notre collectif, mais il
est aussi allé jusqu'à déployer des forces de police pour nous
interdire l'accès à un Forum Logement. Anne Hidalgo a fait de même
samedi dernier pour empêcher les mal-logés d'accéder à son
compte-rendu de mandat.
Le déni de notre droit
fondamental au logement se double donc d'une tentative permanente
d'invisibiliser le mal-logement parisien. Les mal-logés qui
survivent dans des conditions dignes du 19ème siècle font tache sur
la carte postale de la capitale moderne et accueillante des futurs
Jeux Olympiques. Pour lesquels étrangement, aucun élu ne se plaint
de manquer de moyens.
Nous avons manifesté aujourd'hui pour que la nouvelle maire du 10ème arrondissement
n'oublie pas que le mal-logement est une priorité urgente et
absolue.