Quand on est Ministre, il ne suffit pas de venir dans les quartiers populaires pour y être populaire, il faut régler les problèmes des habitants .
C'est ce que les mal-logés ont fait comprendre aujourd'hui à Julien Denormandie, secrétaire d'Etat à la Cohésion des Territoires, venu faire un discours au 104, dans le 19ème arrondissement, à l'occasion de l'évènement " Nos Quartiers ont du Talent".
Certes avant de rencontrer le Ministre en face à face, nous avons du faire face à la police qui a tenté de nous repousser violemment loin du 104. Mais la violence sociale du mal-logement est notre quotidien, nous sommes donc habitués à résister. Et nous sommes restés.
Julien Denormandie venait
dans le 19ème arrondissement pour la seconde fois depuis qu'il a été
nommé Secrétaire d'Etat et s'occupe de la question du logement.
Pour la seconde fois nous sommes venus l'accueillir. Après sa première visite en septembre, nous avons été invités au Ministère
un mois plus tard. Comme d'autres, nous avons été bien reçus,
longuement entendus. Comme celle des autres mal-logés, nos urgences
ont ensuite été totalement ignorées.
Notre collectif se bat
depuis quinze ans contre le mal-logement. Nous n'attribuons donc pas
la catastrophe actuelle à ce seul gouvernement.
Mais cet hiver l'urgence
absolue d'agir est affirmée par tous.
Le nombre d'enfants dormant dehors n'a jamais été aussi élevé. Le SAMU social ne répond plus qu'à une petite partie des besoins immédiats en hébergement d'urgence. Les expulsions sans aucune proposition de relogement, avec ou sans DALO ont augmenté très fortement. Les travailleurs sociaux dénoncent la souffrance au travail générée par leur impuissance totale devant des situations de mal-logement de plus en plus graves.
Les dispositifs
comme Solibail, ceux de l' « intermédiation locative »
que le gouvernement présente comme le moyen concret de débloquer
immédiatement des logements sont saturés : certains
sous-locataires se voient proposer un retour à l'hôtel ou même se
font expulser illégalement, faute de relogement disponible à la
fin du bail précaire.
Les bailleurs
sociaux ont tous annoncé qu'ils allaient renoncer à une partie des
projets de construction de nouveaux logements sociaux, ainsi qu'à
la rénovation urgente de la partie du parc social la plus
dégradée...et bien souvent la seule accessible aux bas revenus.
Certes, le secrétaire d'Etat au Logement ne ménage pas ses mots et dénonce sans cesse le sort des millions de mal-logés de ce pays, tout en promettant un « choc » de l'offre sans précédent. Mais, dans les faits, le seul choc confirmé pour la future loi Logement est celui d'un bail ultra-précaire que les propriétaires pourront imposer à tous les locataires.
Les mal-logés en ont assez des grands mots, nous exigeons de grands remèdes: un logement pour tous maintenant !