mercredi 15 novembre 2017

Paris : Julien Denormandie fait repousser les mal-logés par la police


Quand on est Ministre, il ne suffit pas de venir dans les quartiers populaires pour y être populaire, il faut régler les problèmes des habitants .
C'est ce que les mal-logés ont fait comprendre aujourd'hui à Julien Denormandie, secrétaire d'Etat à la Cohésion des Territoires, venu faire un discours au 104, dans le 19ème arrondissement, à l'occasion de l'évènement " Nos Quartiers ont du Talent".
Certes avant de rencontrer le Ministre en face à face, nous avons du faire face à la police qui a tenté de nous repousser violemment loin du 104. Mais la violence sociale du mal-logement est notre quotidien, nous sommes donc habitués à résister. Et nous sommes restés.
 
Julien Denormandie venait dans le 19ème arrondissement pour la seconde fois depuis qu'il a été nommé Secrétaire d'Etat et s'occupe de la question du logement. Pour la seconde fois nous sommes venus l'accueillir. Après sa première visite en septembre, nous avons été invités au Ministère un mois plus tard. Comme d'autres, nous avons été bien reçus, longuement entendus. Comme celle des autres mal-logés, nos urgences ont ensuite été totalement ignorées.
Notre collectif se bat depuis quinze ans contre le mal-logement. Nous n'attribuons donc pas la catastrophe actuelle à ce seul gouvernement.  Mais cet hiver l'urgence absolue d'agir est affirmée par tous.

Le nombre d'enfants dormant dehors n'a jamais été aussi élevé. Le SAMU social ne répond plus qu'à une petite partie des besoins immédiats en hébergement d'urgence. Les expulsions sans aucune proposition de relogement, avec ou sans DALO ont augmenté très fortement. Les travailleurs sociaux dénoncent la souffrance au travail générée par leur impuissance totale devant des situations de mal-logement de plus en plus graves.
 
Les dispositifs comme Solibail, ceux de l' « intermédiation locative » que le gouvernement présente comme le moyen concret de débloquer immédiatement des logements sont saturés : certains sous-locataires se voient proposer un retour à l'hôtel ou même se font expulser illégalement, faute de relogement disponible à la fin du bail précaire.
 
Même les prioritaires DALO restent sur le carreau pendant des années car les bailleurs sociaux refusent les dossiers pour cause de ressources insuffisantes .En supprimant une grande partie des contrats précaires dits « contrats aidés », sans proposer quoi que ce soit à la place, le gouvernement diminue encore les ressources de centaines de milliers de mal-logés qu'on accusera de ne pas réussir à « se réinsérer ». Certains départements franciliens menacent de ne plus payer le RSA au moment même où la baisse des APL va frapper.
 
Les bailleurs sociaux ont tous annoncé qu'ils allaient renoncer à une partie des projets de construction de nouveaux logements sociaux, ainsi qu'à la rénovation urgente de la partie du parc social la plus dégradée...et bien souvent la seule accessible aux bas revenus.

Certes, le secrétaire d'Etat au Logement ne ménage pas ses mots  et dénonce sans cesse le sort des millions de mal-logés de ce pays, tout en promettant un « choc » de l'offre sans précédent. Mais, dans les faits, le seul choc confirmé pour la future loi Logement est celui d'un bail ultra-précaire que les propriétaires pourront imposer à tous les locataires.
 
Les mal-logés en ont assez des grands mots, nous exigeons de grands remèdes: un logement pour tous maintenant !