jeudi 4 janvier 2018

Boulogne: le droit au logement est la seule solution à la saturation des hébergements.


Notre collectif a manifesté aujourd'hui toute la matinée dans la mairie de Boulogne Billancourt (92 pour dénoncer le manque de logements sociaux, véritable raison de la crise de l'hébergement d'urgence.

Comme tous les hivers, la question des personnes à la rue fait irruption dans l’agenda politique. Mais les débats et les propositions ne portent que sur le manque d’hébergements d’urgence. En ne parlant pas de la question de l’accès au logement social, on favorise toutes les polémiques honteuses et dégradantes : que ce soit en accusant les migrants de prendre les places de dortoir ou en s’en prenant aux SDF qui refusent des propositions de mise à l’abri de quelques heures seulement et dans des conditions épouvantables.

Mais l’hébergement d’urgence ne serait plus saturé si toutes celles et ceux qui attendent en vain un logement social en sortaient. Or, depuis deux décennies, des communes , pourtant très riches, ne respectent même pas la loi SRU. Celle-ci est pourtant un minimum, pas suffisant mais parfaitement atteignable. Au lieu d’accuser les victimes du mal-logement, le gouvernement ferait donc mieux de se préoccuper de faire appliquer la loi.

Mal-logés, nous somme donc venus manifester à Boulogne, deuxième ville plus riche de France. Le dernier bilan SRU, sorti ce 18 décembre, indique que la ville est de nouveau de celles qui n’ont même pas respecté leurs engagements minimum pour arriver au quota légal.


En 2014, la ville ne comptait même pas 15 % de logements sociaux, . En 2001 il y avait un peu plus de 5000 logements sociaux déjà construits à Boulogne. En 13 ans, il s’en est fait seulement 3000, dans une commune qui avait pourtant d’immense surfaces disponibles et où les nouveaux bureaux et locaux d’activités ne cessent de sortir de terre.

De plus, à Boulogne Billancourt, certains logements sortent du parc social : ce 11 décembre, Nexity, un des plus gros opérateurs immobiliers privés a annoncé le « rebouclage » réussi de logements en « usufruit locatif social » à Boulogne et Issy. De quoi s’agit-il ? De logements comptés comme logements sociaux pendant quelques années, mais qui appartenaient à des propriétaires privés. Ceux-ci ont accepté d’en céder la gestion à un bailleur social de manière temporaire, en échange d’exonérations fiscales très importantes. A l’issue de la convention, les propriétaires récupèrent leur bien qui a pris de la valeur , payent beaucoup moins d’impôt sur la plus value en cas de vente...et augmentent les loyers , charge au bailleur social de reloger les locataires en place. L’opération est très coûteuse pour les finances publiques, permet d’augmenter artificiellement le parc social pendant quelques années, ce qui est bien utile pour ne pas payer d’amendes au titre de la loi SRU. Mais ensuite, ces logements reviennent dans le parc privé , aux prix du marché.

Boulogne compte de nombreux mal-logés, notamment victimes de sur-occupation et d’indécence des logements dans le parc privé ancien. C’est aussi une ville d’entreprises et d’activité économiques où des dizaines de milliers de salariés modestes viennent de toute l’Ile de France pour travailler, sans pouvoir se loger à proximité. Elle est au centre du Grand Paris, tout autant que la capitale : mais sa politique de logement social montre à quel point la métropole continue à se construire de manière terriblement inégalitaire. Dans les communes qui respectent la loi SRU, au nom de la mixité sociale, les élus refusent de construire plus de logements sociaux. Dans celles qui ne la respectent pas, la situation évolue au compte-gouttes depuis vingt ans : dans le même temps, par contre, les loyers du privé ont tellement explosé que le parc est devenu totalement inaccessible aux catégories populaires.