Le 5
février 2018, Sylvain Maillard, député LREM , affirmait que la majorité
des hommes à la rue le sont par choix.
Pour
rappel, depuis le 1er janvier, 11 personnes sont mortes
dans les seules rues de Paris Comme Mr Maillard a tenu à préciser
qu’il tenait ces propos en tant qu’ « élu de terrain
parisien », en tant que mal-logés du même terrain, c’est à
la mairie du 9ème arrondissement que nous sommes venus aujourd'hui manifester contre ses propos. Et ce jusqu'à ce que le député s'engage à nous recevoir à l'Assemblée Nationale, ce qui lui permettra de regarder la réalité du mal-logement en face.
Une réalité que l'indécence de ses propos visait à masquer.
Le
problème n’est pas de savoir si des SDF et combien acceptent ou
refusent quelques heures sur un lit de camp dans un gymnase qui
fermera quelques jours plus tard. Le problème n’est pas de savoir
si dans les quelques jours qui viennent, le SAMU social pourra
répondre aux appels grâce aux quelques salariés embauchés
temporairement, qui ne seront plus là quand il fera un peu moins
froid. Le problème, c’est le droit au logement, un droit
fondamental inscrit dans tous les textes de lois. Le problème, ce
sont ces millions de mal-logés et de SDF dont on ne saura jamais
s’ils auraient refusé un vrai logement décent, parce qu’on ne
leur a jamais proposé.
Quant
à l’hébergement, même en période de plan Grand Froid, la
réalité rend encore plus terribles les propos de Sylvain Maillard :
le SAMU social dit lui même ne pouvoir répondre qu’à 1200 appels
sur plus de 6000. Les hébergements ouverts provisoirement sont tous
pleins.
Le
gouvernement et la majorité parlementaire promettent le « Logement
d’abord », et de faire sortir rapidement des milliers de
mal-logés des hébergements d’urgence pour leur proposer un
logement social. Mais les engagements financiers ne vont pas avec les
engagements verbaux. Le budget actuel du logement social ne peut pas
permettre de résoudre le mal-logement qui frappe des millions de
personnes dans ce pays. Le nombre d’agréments pour les logements
sociaux a baissé de 17 % en Ile de France entre 2016 et 2017,
et la baisse la plus forte concerne les logements très sociaux,
ceux qui manquent le plus.
Dans ce contexte, le nombre de logements
sociaux disponibles à attribuer chaque mois a bien peu de chances
d’augmenter à moyen terme.
Par
contre la tentation de manipuler des chiffres qui ne signifient rien
ou de lancer des fausses polémiques sur le dos des mal-logés et des
SDF risque d’augmenter.
Les
propos scandaleux de Sylvain Maillard ont été tenus pour justifier
une déclaration ahurissante du Secrétaire d’État Julien
Denormandie, qui parlait de 50 hommes seuls au plus dans les rues
d’Ile de France. Il s’agissait en fait, des cinquante hommes
ayant appelé le SAMU social et n’ayant même pas obtenu une place
dans un gymnase. Et ce au maximum de la prétendue mobilisation de
l’État.
En
réalité, depuis des mois, le SAMU Social ne peut plus rien proposer
à l’immense majorité des appelants, hommes, femmes , familles
avec enfants, peu importe. Et la minorité des propositions faites
sont en général de courte durée, avec rien d’autre que le retour
à la rue ensuite. Le quotidien des Franciliens en errance urbaine,
c’est donc le dernier recours possible, le SAMU Social , qui ne
répond plus . Et qu’il ne sert à rien d’appeler.
Nous
sommes venus manifester à la mairie du 9ème arrondissement où Mr
Maillard est élu depuis des années., car la gravité de ses propos
engage la responsabilité de toute la majorité municipale auquel il
appartient, en plus de celle du gouvernement qu’il soutient.
Ni
lui, ni les autres élus LREM parisiens ne cachent désormais leurs
ambitions pour les prochaines élections municipales. Nous sommes
donc aussi venus leur faire savoir qu’à Paris, les centaines de
milliers de mal-logés ne braderont pas leurs droit au logement et ne
se contenteront jamais d’une « mise à l’abri ».