Manif des mal logés devant le siège d'Action Logement. #Paris pic.twitter.com/AzuIhQPUab— Mal-logés en Colère (@mallogesencoler) 1 mars 2018
Alors
qu’un épisode de grand froid met de nouveau en lumière la réalité
insupportable des personnes à la rue, de nouveau les débats se
concentrent sur le nombre de places d’hébergements ouvertes en
urgence. Les photos des grands journaux en attestent, ces places
sont, le plus souvent, des lits de camps dans des gymnases ou des
dortoirs collectifs. Les places d’hébergement stables dans les
foyers, comme les chambres d’hôtel du SAMU Social sont toutes
saturées, occupées souvent depuis des années et des années par
des personnes qui devraient avoir accès à un logement social.
Ce
n’est pas le cas, notamment parce que pendant des années, certains
acteurs de la politique du logement n’ont pas respecté leurs
obligations légales. C’est le cas par exemple d’Action
Logement, qui, depuis 2009 devait reloger une partie des
mal-logés reconnus prioritaires DALO et n’a commencé à le faire
que depuis 2016.
Pendant
toutes ces années, le nombre de dossiers en attente a évidemment
considérablement augmenté. Obtenir le label DALO est devenu un
parcours du combattant : les critères de la loi étaient déjà
restrictifs, les commissions de médiation les ont encore durcis ,
notamment en Ile de France. Les délais d’attente pour
l’instruction du dossier ont considérablement augmenté. Mais même
ceux qui arrivent au bout du parcours et sont reconnus prioritaires
ne sont pas tous relogés.
Les
dossiers des plus précaires , des personnes aux revenus les moins
élevés, des retraités, des mères isolées sont mis de côté par
les bailleurs sociaux, notamment ceux d’Action Logement.
De
plus, Action Logement a défini des conditions extrêmement
restrictives pour sélectionner les 25 % de dossiers DALO que
l’organisme doit reloger : il faut en plus du label DALO, soit
être salarié , soit être inscrit à Pôle Emploi. La majeure
partie des chômeurs et précaires mal-logés ne sont pas pris en
compte par Action Logement. La moitié des chômeurs ne sont pas
indemnisés par Pôle Emploi, même s’ils ont travaillé il y a
peu. Le temps partiel imposé, les contrats aidés , ne permettent
pas de cotiser suffisamment pour obtenir une indemnisation chômage
et beaucoup de mal-logés se retrouvent donc aux minima sociaux et
inscrits dans d’autres organismes que le Pôle Emploi.
Or,
pourquoi se retrouve-t-on à la rue ou dans les hébergements
d’urgence ? Bien souvent parce qu’on a perdu son emploi , ou
qu’il a été impossible d’en trouver un suffisamment stable et
rémunéré pour se loger, au vu du niveau des loyers dans le privé.
Pourquoi
y reste-t-on ? Parce que même les loyers des logements sociaux
deviennent trop chers dans les zones tendues, et parce que les
bailleurs sociaux, notamment ceux contrôlés par Action Logement
rejettent les candidatures qu’ils estiment « trop fragiles ».
Les
employeurs qui sont regroupés au sein d’Action Logement doivent
prendre leurs responsabilités , et de manière bien plus
importante et concrète qu’ils ne le font actuellement : ils
doivent ouvrir leur parc de logement aux précaires, aux chômeurs ,
aux retraités modestes dont le mal-logement est du aussi à la
situation du marché du travail, qui n’offre pas les emplois
nécessaires pour se loger correctement.
Action
Logement et ses bailleurs doivent cesser de trier les mal-logés .