jeudi 26 avril 2018

Saturnisme: le grand #Elan en arrière



Le Ministre de la Cohésion des Territoires et la maire de Paris étaient  aujourd’hui en visite dans le 19ème arrondissement, un des quartiers de la capitale très touchés par le mal-logement et l’insalubrité, à l'occasion des Etats généraux de la Politique de la Ville.  Nous sommes venus manifester contre la régression inacceptable des politiques de lutte contre le saturnisme et l’intoxication au plomb.

Dans les années 90, les luttes des mal-logés ont mis en évidence le scandale de l’empoisonnement au plomb dont étaient victimes les mal-logés et leurs enfants, exposés aux peintures dégradées présentes dans de très nombreux taudis. Les pouvoirs publics ont du réagir, face à la prise de conscience du désastre sanitaire et social. Mais aujourd’hui, les effets conjugués de l’affaiblissement des services publics, des difficultés d’accès aux droits , du non-respect du droit au logement réactivent le danger.

Actuellement, les pouvoirs publics n’ont d’obligation d’intervenir qu’ à partir de la détection de présence de plomb supérieure à 50μg/L de plomb dans le sang d’un enfant. Mais toutes les données scientifiques démontrent que l’intoxication au plomb peut générer des effets terribles bien en deça de ce seuil, notamment sur le cerveau : des retards mentaux apparaissent chez les victimes contaminées très faiblement. De plus, on connaît très mal les effets à long terme de l’intoxication au plomb.

Aujourd’hui, le dépistage du plomb dans le sang est de moins en moins pratiqué spontanément par les professionnels de santé, et de moins en moins prescrit par les PMI. Le saturnisme apparaît comme une maladie du passé. De nombreux immeubles insalubres ou indécents , ou des logements dégradés isolés , même signalés aux autorités ne font pas l’objet d’un diagnostic plomb. Et les contaminations reprennent.

A Paris , une des villes les plus riches du monde, des enfants sont contaminés et exposés sur la durée, alors même que les taudis où ils vivent sont connus de la Préfecture et du service technique de l’habitat. Le recul des politiques de prévention est tel que beaucoup de mal-logés directement concernés ne connaissent même pas l’existence du risque plomb et le saturnisme. En 1995, 6300 enfants étaient dépistés chaque année, ils ne sont que 2000 aujourd’hui.

La persistance du saturnisme est un symptôme de la gravité de la régression des politiques contre le mal-logement . Des enfants sont encore exposés parce que leurs parents n’ont d’autre choix que le maintien dans des taudis parce que le logement décent est devenu inaccessible à beaucoup d’habitants des métropoles.

Le projet de loi ELAN envisage de durcir les sanctions contre les marchands de sommeil. La loi DALO comme les critères de cotation de la Ville de Paris reconnaissent l’insalubrité du logement comme un critère de relogement. Et après ? Après les droits de papier se heurtent au manque de logements sociaux, à leurs loyers trop chers, aux difficultés d’accès aux droits , à une politique hypocrite qui fait tout reposer sur l’action des mal-logés eux même, censés se débrouiller pour trouver et saisir les services compétents dans le grand dédale administratif qui sert de dispositif de lutte contre l’insalubrité.

Ces derniers mois, confrontés à des situations dignes du 19ème siècle , notre collectif a du se mobiliser, notamment en occupant l'ARS,  pour obtenir même le minimum, le dépistage de situations à risques. C’est intolérable, mais nous continuerons .
Face au danger sanitaire du mal-logement, face au saturnisme, briser le silence par la mobilisation , c’est la seule solution face à des pouvoirs publics qui ne prennent pas la mesure du risque.

mercredi 4 avril 2018

Insalubrité et sur-occupation: Elogie-SIEMP occupée.


A Paris, le nombre d'acteurs publics "compétents" pour lutter contre l'insalubrité et la sur-occupation sont de plus en plus en nombreux, mais force est de constater que les actions sont de moins en moins efficaces. 

Après l'occupation de l'Agence Régionale de Santé la semaine dernière, notre collectif a investi aujourd'hui le siège d'ELOGIE-SIEMP, 3ème bailleur social de la Ville de Paris, et également actionnaire majoritaire de la SOREQA, censée lutter contre l'insalubrité à Paris et en petite couronne. 

La SOREQA et la SIEMP ont défini avec Paris et d'autres municipalités une liste d'immeubles sur lesquelles des interventions coordonnées sont effectuées. Mais cette liste est a minima, et  toutes les autres victimes de l'insalubrité,de l'indécence ou de la sur-occupation des logements doivent se débrouiller seules dans les labyrinthes des administrations, même pour le simple constat des désorrdes graves dans leurs logements. 
Dans le parc social, les mal-logés concernés sont même victimes d'une double peine: même s'ils remplissent les critères de la loi DALO, les commissions de médiation rejettent leur dossier, sous prétexte qu'elles vivent en HLM. 

Et de toute façon, beaucoup de dossiers dont personne ne nie l'urgence et la gravité sont rejetés par les bailleurs sociaux parisiens qui prétendent ne pas disposer de logements aux loyers suffisamment abordables. Et ce alors même que la loi ALUR leur permet de baisser les loyers provisoirement afin d'intégrer des ménages modestes. 
Lorsque les salaires n'augmentent pas , ce sont les loyers des HLM qui doivent baisser !