mercredi 12 septembre 2018

Les 3F champions de la vente de logements sociaux mais pas du relogement.


L'an dernier, le nombre de demandeurs de logement a augmenté de 5% en France. En Ile de France plus d'un demi-million de dossiers sont en attente, pour beaucoup depuis des années et des années. La loi ELAN accélère les procédures d'expulsion , dans un contexte où celles-ci sont rarement précédées d'un relogement. Depuis plusieurs mois, les acteurs de l'hébergement d'urgence constatent un pas de plus dans l'horreur de la rue et du mal logement: le nombre de femmes à la rue, sans solution,  avec leur nouveau-né en sortie de maternité augmente dans certains départements , notamment en Seine Saint Denis. 

Pendant ce temps, le sujet de la rentrée pour beaucoup de bailleurs sociaux, c'est la vente d'une partie de leur parc à vitesse accélérée. Parmi eux les 3F se vantent dans leur dernier rapport d'activité, d'avoir réalisé presque 10% des ventes tous bailleurs confondus l'an dernier. Ce lundi 12 septembre, nous avons donc manifesté devant leur siège, rue Nationale à Paris. 

Certes les bailleurs affichent les meilleures intentions du monde: les ventes de HLM existants permettraient selon eux de financer des logements sociaux en nombre. Malheureusement si les annonces de programmes futurs sont en hausse pour les 3F, les mises en location effectives ont beaucoup baissé. 

Quant au nombre de relogements de prioritaires DALO, s'il augmente un peu, c'est de manière dérisoire par rapport à l'ampleur des besoins et au nombre de mal-logés qui auraient du bénéficier du fameux droit au logement opposable. Pourtant parvenir à obtenir le label DALO relève du parcours du combattant. De manière plus générale, les mal-logés aux revenus modestes, les familles monoparentales, les retraités précaires subissent de plus en plus l'inadéquation des loyers et de leurs ressources et n'obtiennent jamais la moindre proposition de relogement, quelle que soit l'urgence de leur situation. 

Les bailleurs sociaux , surtout les grandes entités privées comme les 3F sont de plus en plus autonomes des pouvoirs publics et la loi ELAN va accentuer cette autonomie. Désormais les possibilités de financer des filiales de logement intermédiaire, de privilégier les formes du logement précaire comme les résidences sociales ou les foyers d'hébergement temporaire vont de pair avec un moindre investissement dans le logement social proprement dit, avec un bail stable et garanti et des niveaux de loyer correspondant aux revenus des catégories populaires. 

Le phénomène de mal-logement au sein même du logement social se développe au détriment de ces mêmes catégories populaires: la vente des HLM existants est présentée comme un moyen de fluidifier le parcours des locataires, mais ne concerne que ceux qui ont les moyens d'acheter, et de faire face ensuite au coût d'entretien des logements pour l'avenir. Cela risque d'ailleurs d'être difficile pour beaucoup d'entre eux , et de se terminer en piège ,comme cela a été souvent le cas dans le passé. Mais surtout dans les zones tendues, les locataires en sur-occupation n'ont évidemment pas de possibilité d'acheter plus grand et n'obtiennent que très rarement des mutations dans des logements adaptés à leurs ressources et à leur composition familiale. 

Le regroupement de petits bailleurs qui vont fusionner avec les grands comme c'est prévu par la loi ELAN va encore augmenter la puissance des grandes entreprises de l'habitat social comme les 3F. Elles doivent donc des comptes aux mal-logés et le respect de leur vocation initiale, assurer le droit au logement de celles et ceux qui ne peuvent pas se loger dans le privé. C'est ce que nous avons réaffirmé au directeur général adjoint de l'Immobilière 3F qui nous a reçus.