#Arc de l"#innovation, la s oubliés du #GrandParis sont présents à la remise des Prix. La ville monde pour tout le monde. pic.twitter.com/LmaCHb88Mv— Mal-logés en Colère (@mallogesencoler) 21 février 2019
Ce 21 février,
start up et élus franciliens se retrouvaient pour remettre des prix
suite au premier appel à projets de l'Arc de l'Innovation. Une
collaboration entre acteurs publics et privés pour promouvoir une
« effervescence inspirante » dans l'Est du Grand Paris.
Moins poétiquement, pour créer une dynamique économique et urbaine
qui transforme profondément cette partie de l'Ile de France.
Malheureusement,
dans l'esprit des acteurs économiques et politiques , la
transformation de ces zones passe essentiellement par le
« rééquilibrage Est/Ouest » des logements dans leGrand
Paris. Pas assez d'entreprises et de « lieux innovants »
dans l'Est et trop de populations paupérisées selon l'analyse de
l'Arc de l'Innovation.
Si nous
étions de trop dans l'Est , mais que l'on permette à la population
modeste de se loger massivement dans l'Ouest, ce jugement de valeur
ne serait pas dramatique. La réalité est toute autre . Ces
quinze dernières années , les populations qui ne peuvent plus se
loger décemment dans l'Est du Grand Paris sont confrontées à une
alternative quasi inévitable : rester dans leurs quartiers et
dans le mal-logement le plus sordide, ou partir plus loin dans des
zones plus éloignées du cœur de la métropole, sans garantie
aucune de sortir vraiment du mal-logement.
Les
politiques publiques de rééquilibrage, fondées essentiellement sur
des vœux pieux législatifs ont dramatiquement échoué faute de
moyens correspondant aux ambitions affichées : la loi SRU,
comme la loi DALO , comme la récente loi Egalité et Citoyenneté ,
censées promouvoir , en même temps, une réelle mixité sociale et
le droit au logement ont achoppé sur le même obstacle. L'offre de
logements vraiment sociaux ne suit pas l'explosion des prix dans le
parc privé, et le droit au logement , inscrit dans les textes , est
donc bafoué dans le réel.
La mixité
sociale fonctionne pour les acteurs économiques d'Ile de France :
l'Est parisien et francilien est effectivement aujourd'hui investi
par ces entreprises qui font la fierté de l'Arc de l'Innovation. La
ville-monde, la ville intelligente , la ville du futur se construit
là plus qu'ailleurs. Mais ces territoires sont aussi devenus celui
d'un contraste jamais évoqué : la modernité absolue cotoie
la régression sociale absolue.
Ce sont ces
territoires qui concentrent le plus de demandeurs de logements
sociaux en attente, la plus forte proportion de logements repérés
comme insalubres et indécents, le plus grand nombre de personnes
vivant dans des logements sur-occupés ou dans des hébergements
précaires. Ce sont ces territoires où même le logement social neuf
devient souvent inaccessible à ceux à qui il est destiné au
départ, car sous couvert de mixité sociale, on y construit beaucoup
de PLS , les plus chers des logements sociaux.Surtout ,ce sont ces
territoires où l'exigence de respect de notre droit fondamental au
logement est vue par les acteurs publics comme une demande
surnuméraire, car ils estiment avoir pris plus que leur part de la
misère de la ville-monde.
Pourtant
nous sommes aussi la condition de sa richesse : en activité ou
pas, nous sommes le réservoir de main d'oeuvre de la ville, ceux qui
la construisent, la nettoient, font vivre ses travaillent dans ses
écoles, dans ses services divers et variés. Nos enfants sont son
futur, compromis par le mal-logement qui aggrave les inégalités
sociales, crée de l'échec scolaire, des problématiques de santé
grave dès le plus jeune âge.
Notre droit bafoué au logement
fait de nous des parias, et des indésirables, des Franciliens de
septième zone . Nous n'acceptons pas d'être les exclus de la
modernité du Grand Paris.