#GrandDebatNational les mal logés interpellent le délégué interministériel à la pauvreté, @onoblecourt à Paris 13eme. pic.twitter.com/Bja4D8LwTt— Mal-logés en Colère (@mallogesencoler) 12 mars 2019
Le 12 mars , alors qu'Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la pauvreté, tenait une séance du "Grand Débat", nous avons manifesté jusqu'à ce qu'il sorte nous rencontrer. Auparavant nous avions refusé les propositions de participer " à quelques uns" , à un débat qui n'avait pas lieu d'être: les élus le sont pour appliquer le droit, il n'y a aucun débat à avoir sur le non-respect du droit au logement, juste des actes à prendre.
Dans quelques
jours ou quelques semaines, des milliers de personnes vont être
expulsées de leur logement. La plupart d'entre elles ont droit à un
logement social, ont fait une demande en bonne et dûe forme, l'ont
renouvelée, ont monté un dossier DALO dès le début de la
procédure d'expulsion.
Mais les
procédures d'expulsion vont vite, le relogement n'arrive pas. Même
la reconnaissance du DALO met souvent des mois à arriver, et elle
arrive souvent trop tard pour bloquer la procédure, la Préfecture
refusant de s'occuper des dossiers en attente.
Pourquoi ?
Parce que la complexité administrative est liée à l'insuffisance
de l'offre. Les derniers chiffres du logement social viennent de
tomber, ils sont catastrophiques. La production Hlm en
Île-de-France est en chute libre. 28 830 logements locatifs
sociaux ont été autorisés en 2018. Un niveau bien inférieur aux
chiffres des trois dernières années . Plus de 700 000 demandes sont
désormais en attente.
La situation s'aggrave aussi
sur le front de l'insalubrité, malgré toutes les déclarations de
principe et les quelques offensives contre des marchands de sommeil .
Il y a environ 157 000 logements insalubres ou indécents recensés
en Ile de France, moins de 1000 procédures coercitives ont été
lancées cette années, un chiffre en baisse, lui aussi.
Les victimes locataires sont
laissées à elle même : les services sociaux sinistrés ne
peuvent même plus proposer d'hébergement alternatif en cas de
travaux ou d'opérations dangereuses pour la santé dans les
logements. Dans le 19ème arrondissement, on renvoie les familles
vers les urgences des hôpitaux et les Mac Do lors d'actions de
désinsectisation. Dans le 20ème arrondissement, des propriétaires
d'hôtels meublés menacent des personnes y vivant depuis des années
d'une expulsion illégale sans que nul n'intervienne.
Le non-recours est le
résultat du non-droit. Un non qui n'est jamais dit clairement aux
mal-logés, mais exprimé au travers de la complexité des
procédures, des mille obstacles administratifs à franchir, des
critères d'urgence à prouver sans cesse, pour finalement s'entendre
dire qu'on n'est malheureusement pas prioritaire. Le non-recours est
le résultat d'un goulot d'étranglement administratif dans lequel,
effectivement, on finit par renoncer à essayer de passer ,
parce qu'il n'y a pas de solution même quand on l'a affronté.
Le mal-logement n'est jamais
seul, il charrie son cortège de problèmes de santé, de scolarité,
de précarité . La vie des mal-logés consiste à trouver, en
même temps, la solution à
toutes les urgences immédiates, à se débattre dans les des
labyrinthes administratifs surchargés qui bien souvent ne mènent
nulle part.
Il n'y a pas de débat sur le
non-recours. C'est à l'Etat de faire respecter le droit pour tous.