mercredi 11 septembre 2019

Paris, bilan logement: 244 000 dossiers en attente, le double d'il y a sept ans

Première manifestation de rentrée du collectif devant la mairie du 12ème arrondissement, dans laquelle siège Emmanuel Grégoire, candidat au poste de maire et actuel première adjoint d'Anne Hidalgo. 

Résignez-vous.
Si un seul slogan devait résumer les sept dernières années vécues par les mal-logés à Paris ce serait celui-là.

Il y avait 120 000 ménages demandeurs de logement , il y a en 244 000 sept ans plus tard. Pour onze mille attributions annuelles. Face à cette disproportion énorme, la réponse principale, celle qui a concerné tout le monde n'est pas la construction de logements, c'est la cotation.

On nous a classés. On nous a donné des notes, au dixième près. 

Désormais le mal-logement se mesure avec une virgule dans la capitale. Mais en dessous d'un certain score, seul le premier chiffre compte. Il dit « vous n'aurez jamais le logement dont vous avez besoin ». Grâce à la cotation, nous sommes des centaines de milliers à savoir, au dixième près, à quel point déposer une demande de logement ne sert à rien.
Avec la loi DALO, dès 2007, pour espérer être pris en compte, il fallait désormais être VRAIMENT mal logé, le « vraiment » étant défini par les responsables des politiques du logement qui nous privaient de nos droits .
Depuis dans la capitale, la cotation a jouté un deuxième « vraiment ».

Résultat, la définition du mal-logement a beaucoup changé, et relève de l'accumulation de critères jamais suffisants. La cruauté de ces dernières années, c'est qu'il faut espérer toujours plus de problèmes pour avoir une chance de les résoudre un jour. Peut-être.
De fait , les problèmes s'aggravent. Depuis que les hôtels proposés comme hébergement d'urgence ne sont plus à Paris, des enfants sont à moitié déscolarisés , l'errance urbaine interdit la constitution de dossiers valables pour l'accès aux droits. Depuis que l'insalubrité est toujours « remédiable », le plomb revient dans le sang des enfants et pas que près de Notre Dame, les punaises de lits se sont ajoutés à l'humidité , à la suroccupation et à la précarité energétique. Mais rien ne se passe, car des dizaines de milliers de familles sont dans la même situation.

Depuis sept ans à Paris, chaque élu qui reçoit un mal-logé lui demande s'il connaît les autres. Tous les autres, les 234 000. Au lieu de devenir un argument pour agir , ce chiffre est devenu la justification pour ne pas faire, celle qu'on oppose à tous, ou presque. Le logement décent n'est plus un droit que les élus sont en charge de faire respecter, c'est une utopie, même si elle est légale.

La campagne pour les élections municipales a commencé. Mais même les promesses ne sont plus faites aujourd'hui. Plus de « zéro SDF », plus d' »éradication de l'insalubrité », plus de « mettre fon par tous les moyens à la crise du logement ».
De la part de la maire sortante et de sa majorité , un simple «  on fait déjà beaucoup », doublé d'un sévère «  mais pour vous ce n'est jamais assez » opposé à aux mal logés en lutte et en colère.

Nous ne nous résignons pas à être des centaines de milliers.
Nous ne croyons pas que « rien de plus » ne soit possible.
Nous pensons que la volonté politique est ce qui manque.
Nous pensons être une priorité absolue. 
Un logement décent pour tous maintenant.

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Quelques chiffres. 
Fin 2017, le nombre de ménages demandeurs de logement à Paris  atteignait 244 421 dossiers. Environ 12% des Parisiens sont officiellement inscrits comme demandeurs de logement social. 
67 pour cent des demandeurs de logement ont des ressources inférieures aux plafonds du logement très social. Or la Ville n'a jamais respecté son engagement des trois tiers en terme de production neuve, un tiers de PLA-I , un tiers de PLUS , un tiers de PLS. Le taux de logements très sociaux construits et produits entre 2001 et 2017, n'est que de 26%. Un demandeur de logement aux revenus modestes a donc beaucoup moins de chances d'avoir une proposition . Ce qui explique les demandes de logement très anciennes, le blocage total de dossiers censés être "prioritaires" selon les critères légaux et municipaux, mais aussi une partie des expulsions sans relogement. 
De plus , tout ce qui est comptabilisé comme du logement "très social" n'en est pas, puisque cette dénomination inclut aussi les hébergements de moyenne durée comme les résidences sociales. 
( source "les derniers chiffres du logement social à Paris, APUR, note d'avril 2019 )