mercredi 25 septembre 2019

Paris en commun ? Sans les mal-logés ?

Ce 25 septembre, Jean Louis Missika et les maires du 19ème et du 18ème arrondissement participaient à la remise des prix organisée par Urban Lab et Paris and Co, pour des projets d'innovation urbaine dans le secteur La Chapelle.  Nous étions présents pour faire entendre la voix des Parisiens mal-logés à cet évènement, à la grande exaspération de certains entrepreneurs et entrepreneuses , qui nous avaient déjà croisés à la remise des prix de l'Arc de l'Innovation, une autre initiative pour soutenir les acteurs économiques du grand Paris. Que des mal-logés se mêlent d'urbanisme et de #smartcity semble irriter une partie des promoteurs de la ville connectée et ouverte ...Tant pis, les mal-loges ne sont pas des Parisiens de seconde zone.

 Il y a quelques jours , Jean-Louis Missika a publié 73 pages pour la fondation Terra Nova sur son bilan d'adjoint à l'urbanisme d'Anne Hidago et sur ses perspectives. 73 pages d'un rapport intitulé " Pour un nouvel urbanisme parisien: 73 pages  de chantiers monumentaux pour faire face au défi climatique, bâtir une ville connectée, écologique, en perpétuelle croissance économique . Une ville des « communs urbains » où l'on respirera mieux, où l'on aura à portée de main tous les services imaginables . Une ville zéro carbone aux tours végétalisées bordées de forêts urbaines . Un Grand Paris où les laides frontières du périphériques seront abolies. Un rêve, parfaitement possible, et Jean Louis Missika le démontre, avec des exemples tout à fait réalisables d'utopies architecturales parfaites.

Seulement là dedans, il manque des Franciliens, une partie entière de la population. Les classes populaires confrontées à une crise du logement sans précédent récent. Ce défi là ne fait même pas l'objet d'un chapitre spécifique de ce qui doit être la base du projet d'Anne Hidalgo. Par ci, par là quelques mots. Sur l'insalubrité «  éradiquée ». Sur les SDF de la porte de la Chapelle, mais uniquement pour déplorer que le bidonville stigmatise un peu plus un quartier déjà laid . Par ci par là, quelques photos de programmes modèles qu'on serait bien en mal de critiquer effectivement. S'ils n'étaient l'arbre qui cache la forêt de l'indifférence au mal-logement.

Il y a une chose que Jean Louis Missika ne dit pas de la capitale dont il rêve. Elle sera encore plus chère et inaccessible que maintenant. C'est déjà le résultat des dernières mandatures : le fameux rééquilibrage Est /Ouest a conduit essentiellement à un rééquilibrage du prix des loyers , qui n'a cessé de grimper dans les nouveaux quartiers de l'Est, autrefois de mauvaise réputation devenus attractifs. Les classes populaires ne peuvent plus ni acheter, ni louer, non seulement à Paris, mais aussi en petite et moyenne couronne. Forcées de partir toujours plus loin ou de rester dans des conditions de plus en plus difficiles .

Face à ce défi là, Jean Louis Missika n'a que peu de mots. Il « faudrait » construire du social à La Défense, dit-il vaguement. Nous connaissons aussi la réponse actuelle d'Anne Hidalgo et de son adjoint Ian Brossat : la Ville fait déjà beaucoup. Le maximum paraît-il.

Le maximum du possible serait donc un doublement du nombre de ménages demandeurs de logement en une mandature. L'incapacité à reloger même les urgences les plus extrêmes. La mort de personnes dans la rue, devenue une routine, comme les bidonvilles. Le logement décent et à proximité de son emploi, une utopie pour les catégories populaires parisiennes.

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Le maximum du possible serait donc la persistance du mal-logement massif. Et dans le même temps, il serait par contre tout à fait possible et réaliste de faire face sereinement au changement climatique.

La réalité c'est qu'un tel programme nous exclut volontairement en nous ignorant. Ne rien proposer de plus pour reloger les 244 000 foyers demandeurs de logement, c'est leur dire de partir, ou de supporter le mal-logement.

C'est dit poliment, par omission et sans agressivité. C'est la grande différence avec une droite parisienne qui hurle sans arrêt contre le logement social et prétend que la capitale est livrée aux « très pauvres » , avec un aplomb dans le mensonge toujours renouvelé. Pour autant cette différence n'est pas suffisante. Le droit au logement abordable et décent ne peut qu'être au cœur d'un programme qui se veut celui des « communs urbains ». Il n'y a aucun commun dans une ville qui maltraite une partie de ses habitants, et les maintient dans l'inégalité la plus criante.

Nous allons le rappeler tout au long de cette campagne et nous battre, pour le minimum vital, un logement décent et abordable, pour tous , maintenant .